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Et maintenant ? Préparer l’après-7 mai

Nous reproduisons ici les communiqués publiés suite au résultat du 2ème tour de l’élection présidentielle de Sud éducation, du Snuipp FSU et des Crap-Cahiers pédagogiques

En marche arrière ? Riposte sociale !

Expressions de la fédération SUD éducation après le second tour de la présidentielle 2017

Publié le lundi 8 mai 2017 sur http://www.sudeducation.org/En-marche-arriere-Riposte-sociale.html

L’élection d’E. Macron annonce une brusque accélération dans la mise en œuvre des politiques de déréglementation qui ont été menées ces dernières décennies. Le projet de société du candidat du CAC-40 est sans ambiguïté. Il s’agit d’une entreprise de régression sociale, de destruction des droits sociaux, des solidarités et des services publics, au bénéfice des classes possédantes. Son projet pour l’école est également dangereux. Il s’agit d’abord de continuer les politiques de mise en concurrence menées par les gouvernements précédents. De la « refondation » du dernier quinquennat, il veut conserver et aggraver toutes les contre-réformes néolibérales de structure. Mais il entend en parallèle imposer un nouveau tournant réactionnaire à l’école.

Un projet d’école néolibéral ET réactionnaire

Le projet éducatif d’EM est de continuer les politiques de mise en concurrence menées par les gouvernements précédents. De la « refondation » du dernier quinquennat, il veut conserver et aggraver toutes les contre-réformes néolibérales de structure. Mais il entend en parallèle imposer un nouveau tournant réactionnaire à l’école.

A la tête du projet d’EM pour l’école, il y a une certaine Fanny Anor, qui était jusqu’à récemment salariée de l’Institut Montaigne, un lobby néolibéral créé par l’homme d’affaires Claude Bébéar, qui prône notamment depuis des années l’autonomisation complète des établissements et la numérisation maximale de l’école.

Tout sur le « lire-écrire-compter »

Comme dans tout projet réactionnaire, l’école primaire (élémentaire ET maternelle… et même les crèches !) est pour l’essentiel réduite à la fonction d’apprendre à « lire-écrire-compter » (les « fondamentaux »), loin des enjeux socio-éducatifs globaux qu’elle doit pourtant prendre en compte et qui sont la condition même des apprentissages. La spécificité de la maternelle est à nouveau niée.

Individualisation à tout va

En primaire comme au collège, les logiques individualistes et de stigmatisation seront encore renforcées. Des dispositifs qui ont montré leur inefficacité sont à nouveau mis en avant. Les stages de remise à niveau pendant les vacances seront généralisés et le pseudo accompagnement personnalisé sera maintenu, au détriment de l’enseignement adapté et de réponses globales comme la réduction générale des effectifs par classe. De nouveaux pas dans la destruction du collège unique sont déjà annoncés, puisque le projet prévoit une individualisation des parcours. Des évaluations nationales auront lieu tous les ans en début d’année scolaire de la grande section à la 3e… Et bien entendu ces évaluations seront numérisées. Cela s’inscrit dans un grand plan de constitution d’un casier scolaire au service du patronat, assurant la traçabilité des élèves dès le plus jeune âge. Le Livret Scolaire Unique Numérique en est l’étape en cours de déploiement. Ses fonctionnalités pourront être étendues en quelques clics pour intégrer entre autres ces évaluations annuelles.

Professionnalisation pour le patronat

Les trois voies du lycée se voient orientées vers une mission d’insertion professionnelle. L’enseignement professionnel sous statut scolaire est plus que jamais menacé, avec notamment le transfert de la gestion de l’enseignement professionnel aux régions. Ce qui est programmé pour les élèves, c’est le développement à tout va de l’apprentissage – un formatage au service du patronat local, une régression historique – et même du pré-apprentissage dès le collège : le tri social doit commencer le plus tôt possible !

Autonomie et contractualisation

Le processus de territorialisation, d’autonomisation des établissements et de contractualisation verra de nouvelles étapes se déployer. Les communes auront toute liberté d’organiser « sans contrainte » le temps scolaire (sur 4 jours, 4,5, etc.) et périscolaire. La réforme du collège, comme celle du lycée, est maintenue dans sa structure, mais les 20% de la dotation laissés à l’autonomie seront désormais totalement à la discrétion des établissements sans aucune règle nationale, pour permettre notamment la relance des options les plus explicitement reproductrices des hiérarchies sociales. L’autonomie des collèges et des lycées sera totale en matière de projet d’établissement… avec un diagnostic obligatoire tous les 3 ans, qui donnera lieu à une évaluation publique et qui conditionnera les engagements du ministère. L’« agence du diagnostic et de l’évaluation » pourra ainsi décider de renforcer l’équipe de direction d’un établissement (au cas où il y aurait des équipes trop peu dociles pour marcher au pas ?). Les chef-fe-s d’établissement des collèges de l’éducation prioritaire pourront procéder à un recrutement local des enseignant‑e‑s.

Attaques sur le bac et le droit à l’université

Le bac général et technologique sera réformé pour ne plus comporter que 4 épreuves terminales. SUD éducation s’oppose à cette hiérarchisation entre les disciplines par une différenciation entre celles qui donneront lieu à examen terminal ou non. Nous voulons le maintien du cadre national du diplôme contre toute tentative de localisation et la garantie du droit à l’anonymat des élèves pour les épreuves certificatives (qui ne sont pas forcément terminales).

L’annonce de l’introduction de prérequis pour entrer à l’université, sous couvert de lutter contre l’échec, est une attaque majeure contre l’égalité du droit aux études supérieures. Le bac est le premier grade universitaire. Il doit rester un prérequis suffisant pour accéder à l’université. L’autonomie des universités permettra donc d’imposer une année de remise à niveau et les étudiant-e-s pourront être orienté-e-s vers des licences professionnelles, qui seront massivement développées (+100 000 places).

Ubérisation et numérisation

Le processus d’ubérisation n’épargnera pas l’école et ses personnels. Le projet fait appel (y compris pour l’enseignement) au bénévolat à toutes les sauces, mais aussi aux services civiques – une main d’œuvre sous payée, sans statut durable et sans contrat de travail. Pour gagner plus il faudra assurer les stages de remise à niveau pendant les vacances. La formation continue de trois jours par an se fera manifestement sur des contenus imposés, la moitié via des modules en ligne. La numérisation de l’école sera encore accentuée avec la multiplication des supports et applications numériques que les élèves et les enseignant-e-s devront utiliser.

Effets d’annonces sur les REP/REP+

Les annonces sur l’éducation prioritaire qui ont focalisé l’attention doivent être placées dans leur contexte d’austérité budgétaire accrue. La baisse annoncée des effectifs par classe en CP et CE1 en REP/REP+ se fera à 85% par des redéploiements de postes. Dès la rentrée prochaine, les 5000 « Plus de maîtres que de classes » seront ainsi redéployé-e-s en CP/CE1, ce qui sera loin de couvrir toutes les classes concernées à plein temps. Et en ce qui concerne les locaux, la réponse de Fanny Anor est simple : « quand il n’y aura pas de solution, deux enseignants feront classe dans la même salle. » Il est aussi à craindre que cette annonce, ainsi que celle d’une prime annuelle supplémentaire en REP+, ne seront réellement mises en œuvre qu’à la faveur d’une réduction drastique du nombre d’écoles et d’établissements labellisés.

Une école du tri social

Le projet d’école de EM s’inscrit dans le cadre de l’idéologie de l’égalité des chances, qui rend chacun-e responsable individuellement de ses réussites et de ses échecs et de sa place dans la hiérarchie sociale, pour que celle-ci ne soit pas questionnée. L’école qui vient sera toujours davantage une école du tri social : cette logique de tri social et d’orientation se retrouve à tous les niveaux, avec les évaluations nationales dès la grande section, l’accroissement des orientations contraintes au collège, la mise en avant de l’apprentissage, le développement des options de reproduction sociale et de l’individualisation des parcours, la sélection à l’entrée à l’université…

En accroissant l’autonomie et la mise en concurrence, en produisant une école réduite au « lire-écrire-compter » pour les pauvres et en multipliant les processus de sélection sociale, l’école d’EM poursuit l’adaptation du service (de moins en moins) public d’éducation aux besoins du patronat.

C’est sur tous ces aspects que celles et ceux qui portent des alternatives pédagogiques et sociales doivent faire front, pour résister à ce processus et faire naître un tout autre projet pour une école égalitaire et émancipatrice. SUD éducation est de ce combat pour une autre école, une autre société.

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Fédération SUD Éducation
17, Bld de la Libération, 93200 St Denis
Tél. : 01 42 43 90 09
Mél : fede@sudeducation.org
Site : www.sudeducation.org

Le défi reste entier pour l’école

Communiqué du CRAP-Cahiers pédagogiques
8 mai 2017

Le CRAP-Cahiers pédagogiques avait appelé à faire barrage au Front national. Il se réjouit donc de sa défaite tout en s’inquiétant de ce qu’autant de voix se soient portées sur ce parti opposé à toutes les valeurs qu’il défend. Il se réjouit également que la politique réactionnaire de la « terre brûlée » et du combat contre la pédagogie ait été écartée dès le premier tour.

Emmanuel Macron vient d’être élu président de la République. Sa responsabilité est considérable pour éviter une nouvelle progression des idées d’extrême-droite.

Sur le plan éducatif, de nombreux chantiers restent ouverts pour rendre plus juste et plus efficace un système scolaire dont les insuffisances ne sont pas étrangères, même si elles n’en sont pas la cause directe, à la montée du Front national.

Pour nous, la future équipe gouvernementale doit :

Donner aux avancées amorcées lors du dernier quinquennat du temps pour se déployer, sans revenir sur l’esprit d’une école innovante, ni décourager ceux qui ont mis en œuvre des changements et en ont vu les effets positifs pour leurs élèves et leurs établissements.
Mettre vraiment en œuvre l’objectif de réduction des inégalités, présent dans les discours et programme du candidat, en allant au-delà de « l’égalité des chances » et de la seule concentration sur l’éducation prioritaire.
Combiner le quantitatif et le qualitatif, ce qui passe en particulier par une meilleure formation des enseignants aux pratiques nécessaires à l’école du XXI siècle.
Se situer dans un temps long : les changements ne peuvent plus être brutaux et nécessitent un accompagnement.

Nous attendons de la nouvelle équipe que toutes les décisions importantes dans le domaine éducatif résultent d’un dialogue avec les acteurs de l’école, dont les mouvements pédagogiques. Agir ne réside ni dans les retours en arrière, ni dans le simplisme, mais nécessite de faire jouer des leviers multiples ainsi que de l’audace et de l’inventivité.

Crap-Cahiers pédagogiques, le 7 mai 2017

Communiqué du SNUipp-FSU

Emmanuel Macron a été élu président de la République française. Dans le contexte d’une abstention forte, un nombre important des suffrages qui se sont portés sur son nom, notamment chez les enseignants, ont exprimé avant tout leur rejet du front national auquel avait appelé le SNUipp-FSU. Bien que son élection ne souffre d’aucune contestation, Il ne s’agit donc pas d’un chèque en blanc donné au nouveau président de la République.
Celui-ci porte dans son programme des mesures pour la Fonction Publique et pour l’Ecole avec lesquelles le SNUipp-FSU exprime d’ores et déjà son profond désaccord.

Le SNUipp-FSU s’opposera à la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires tant les services publics, déjà dégradés par le manque d’emplois, sont indispensables au maintien de la cohésion sociale. Tout comme il condamne la volonté de gouverner par ordonnances au mépris de la démocratie.

Concernant l’éducation, deux mesures devraient être rapidement prises dans le 1er degré : l’instauration de CP à 12 élèves par classe et une carte blanche aux collectivités territoriales sur la question des rythmes scolaires.

La baisse des effectifs par classe est la priorité tant ceux-ci sont particulièrement élevés en France comparativement à la plupart des pays équivalents. Mais il ne faudrait pas que des effectifs abaissés ici entrainent mécaniquement des hausses partout ailleurs. Abaisser dès la prochaine rentrée les effectifs des classes de CP en REP+ ne manque donc pas de nous interroger. L’urgence aujourd’hui est de combler le sous-investissement budgétaire structurel très important qui frappe l’école primaire dans notre pays pour lui permettre enfin de réduire les inégalités.

M. Macron prévoit de redéployer les postes de maîtres supplémentaires pour dédoubler les CP. Supprimer un dispositif prometteur qui d’après la recherche commence à faire ses preuves au service des élèves de l’éducation prioritaire serait une grave erreur Cette manière de réformer, en supprimant d’emblée un dispositif plébiscité par les enseignants et sans évaluation sérieuse, n’est plus possible et serait un très mauvais signal envoyé à la profession.

La réforme des rythmes scolaires a désorganisé le fonctionnement des écoles. Celle-ci a été avant tout une réforme des temps périscolaires. Elle s’est faite sans les enseignants et a renforcé le pouvoir des municipalités. Elle a déstabilisé le travail des équipes enseignantes et dégradé leurs conditions de travail. Laisser aujourd’hui chaque municipalité choisir de poursuivre ou non dans cette voie n’est pas acceptable. Le SNUipp-FSU demande sa remise à plat et le retour à un cadrage national.

Dans cette période qui s’ouvre, le SNUipp-FSU continuera d’exiger l’amélioration des conditions de travail, la reconnaissance du travail invisible et la nécessaire évolution des obligations de service avec comme première étape la suppression des APC, l’inclusion avec tous les moyens pour la réussir et enfin l’urgente nécessité de donner le pouvoir d’agir aux enseignants et aux équipes. Autant de fortes préoccupations pour lesquelles nos collègues attendent des réponses.

Le SNUipp-FSU attend que le nouveau Président prenne la mesure des exigences de la profession. En ce lendemain d’élections présidentielles, le SNUipp-FSU appelle au dialogue social indispensable à toute évolution du système éducatif, car le temps de l’école n’est pas celui du politique.

Paris, le 8 mai 2017

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