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Remédiation : chronique “Nos mots et les leurs”

L’Éducation nationale a introduit récemment dans les Instructions officielles le néologisme « remédiation ».

Dans le BOEN n° 33 du 20 septembre 2007, reprenant le JO du 16 juin 2007, la Commission Générale de Terminologie et de Néologie a publié un texte définissant la « remédiation » : « Mise en œuvre des moyens permettant de résoudre des difficultés d’apprentissage repérées au cours d’une évaluation. […] La “remédiation” doit être distinguée du “rattrapage”, qui consiste en une remise à niveau des connaissances. »

La remédiation désigne étymologiquement l’action de remédier, c’est-à-dire d’apporter un remède, substance servant à guérir un mal ou une maladie (y compris, dans le vocabulaire religieux, les « maladies de l’âme »). Ce terme d’origine médicale suggère donc indirectement que les élèves sont des malades et leurs difficultés, qu’il s’agit d’ailleurs de « diagnostiquer », des maladies.

En médecine, l’expression « remédiation cognitive » sert à désigner la « rééducation des fonctions cognitives altérées » suite à des lésions cérébrales (ou dans certains cas de schizophrénie). Dans le domaine psycho-pédagogique, elle avait été reprise par des partisans de l’« éducabilité cognitive » cherchant à apporter le « remède » approprié au supposé « déficit opératoire » mental des élèves.

Aujourd’hui, la généralisation de ce terme « remédiation » à toutes les difficultés d’apprentissage, corrélé jusque dans les textes officiels avec l’« évaluation par compétences » développée au même moment, traduit une approche comportementaliste et une médicalisation de la difficulté scolaire, aux antipodes d’une pédagogie du collectif visant à prendre en charge les difficultés des élèves tant sociales qu’individuelles.

Alain Chevarin

1 Comment

  1. Philippe G.

    Remédiation : chronique “Nos mots et les leurs”
    Bonjour,

    votre analyse du mot remédiation passe rapidement d’une analyse étymologique à une généralisation sur le plan pédagogique en fixant votre attention sur la remédiation cognitive (considérée d’ailleurs uniquement sous son aspect médical) sans explorer d’autre définition du mot remédiation. Or, dans le domaine pédagogique, ce terme peut prendre une autre signification. Il désigne en effet la re-médiation, c’est à dire une nouvelle médiation permettant à l’apprenant d’être confronté au « savoir » dans un nouveau cadre ou par le biais d’une démarche différente, d’outils différents. C’est le sens qui à mon avis est le plus utilisé.

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