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Sur les pavés des barricades : Benjamin Péret

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A propos de Barthélémy Schwartz, Benjamin Péret l’astre noir du surréalisme, Libertalia, 2016, 328 p., 18 €.

Le poète et révolutionnaire Benjamin Péret apparaît souvent en arrière plan du mouvement surréaliste ou dans l’ombre d’André Breton. Il est pourtant d’une étonnante actualité tant sa colère demeure intacte parce qu’irréductible. Sa poésie d’abord nous saute à la gorge. Elle recèle une vérité pratique qui n’a rien perdu de sa charge subversive. Et elle reste des plus sauvages :

Et Blum se leva pour le baiser pourri sur la bouche
pourrie
bousculé par Thorez pressé de l’imiter
cependant que dehors ceux qui les entretiennent se
lamentaient
Encore une fois nous sommes trahis

(Je ne mange pas de ce pain-là)

L’ouvrage de B. Schwartz rend compte à la fois du parcours poétique et politique de B. Péret. On y voit à quel point il pouvait être lucide vis-à-vis du Parti communiste, à propos de la bureaucratisation des organisations ouvrières ou de la nature de l’URSS qualifiée avec ses ami-e-s de l’opposition de la gauche communiste de capitalisme bureaucratique d’État, autant de thèmes qui seront développés après la Seconde Guerre mondiale en France par le groupe Socialisme ou Barbarie dont il se rapprochera à la fin de sa vie.

Contrairement a beaucoup d’intellectuels de gauche, Péret s’est battu aux côtés des révolutionnaires espagnols, d’abord avec les marxistes révolutionnaires du POUM, puis dans la colonne Durruti. Après la guerre, il joue un rôle déterminant dans le renouvellement du surréalisme. Dans La parole est à Péret, il défend les cultures populaires comme puissances de subversion. Si la poésie n’est pas la fin de toute oppression, elle est un antidote à la résignation collective, une forme de résistance au monde tel qu’il est et la possibilité d’une réalité autre. La révolution totale de Péret est une alliance entre la raison critique et l’esprit poétique tel qu’il le voit à l’œuvre dans les pensées et modes de vie indigènes qu’il a pu observer au cours de ses séjours au Brésil et au Mexique. En authentique internationaliste, il a su aussi conjuguer au pluriel l’universalisme. Sans doute n’a-t-il pas réussi à concilier ses engagements politiques avec son expérimentation poétique du monde, mais il ouvre la voie aux situationnistes qui n’ont pas manqué de le saluer. Il fallait un livre pour redonner sa juste place à Benjamin Péret dans l’histoire poétique et politique du surréalisme et au-delà – c’est chose faite !

Péret est pour toujours entre les seins d’un signe égalitaire et sur les pavés des barricades à venir.
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Barthélémy Schwartz, Benjamin Péret l’astre noir du surréalisme, Libertalia, 2016, 328 p., 18 €.

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