Les vacances d’hiver ont démarré samedi 4 février avec la zone A, puis ce sera la zone B le 11 et enfin la zone C le 18.

Est-ce pour le bien-être des enfants ?  Non sans hésitation, c’est tout simplement pour satisfaire l’économie du tourisme blanc.

Sans se lasser et sans complexes, les chaînes d’info montrent des professionnels de sports d’hiver radieux. En effet, la neige est bien présente et les remonte-pentes fonctionnent, ce qui permet aux réservations d’être bonnes et aux restaurants d’espérer. Quant aux skis, au traîneau en passant par les raquettes, tout peut se louer ou s’acheter.

Pourtant, ils ne sont pas si nombreux à partir à la montagne en hiver

Selon un sondage de l’institut Ipsos (début février 2022), 53% des Français n’iraient jamais à la montagne en hiver et seulement 13% iraient chaque année, un chiffre qui monte à 21% chez les CSP+, et à 17% chez les hommes, plus nombreux que les femmes (11%).

Il faut dire qu’une semaine aux sports d’hiver pour une famille avec deux enfants coûte en moyenne 4000 euros, soit plus deux mois de SMIC (1678,95 euros)..

Ce sont surtout les cadres (40 % partent au moins une fois tous les deux ans), les hauts revenus et les diplômés du supérieur qui partent en vacances en vacances l’hiver… mais seulement 9 % d’ouvriers.

Pas d’inquiétude pour les acteurs du tourisme blanc, les personnes qui partent au ski ont le moral et l’envie de consommer avec des budgets suffisants pour faire vivre largement les stations qui ainsi,  font le plein de locations et d’activités !

Un calendrier scolaire complice

Et pour être sûr que ces citoyens privilégiés trouvent de la neige pendant leur séjour, on organise les vacances scolaires en fonction des périodes d’enneigement.

Les semaines de vacances d’hiver s’étalent sur trois zones, une assurance de continuité pour les professionnels, chaque samedi de nouveaux arrivants. Pas de temps morts !

Pour que ces vacances d’hiver se situent pendant la période la plus enneigée, facile, il suffit de les placer en février voire début mars maxi ! Tant pis pour la rupture du rythme d’apprentissage subie par les enfants. Ceux de la première zone se sont retrouvés en vacances cinq semaines après celles de Noël, à peine le temps de reprendre les habitudes scolaires. Seule la troisième zone profitera de sept semaines d’école avant de s’arrêter.

Des solutions ?

On pourrait supprimer une zone et reculer ainsi d’une semaine les vacances d’hiver : les stations s’adapteront, elles construiront, elles savent le faire… et sans scrupules.

On pourrait reculer les vacances de printemps : avec le réchauffement climatique en vue, ce serait peut-être le moyen d’anticiper, de s’adapter, de prévoir d’autres activités et d’autres lieux de séjour.

On pourrait mener une réflexion globale sur le temps scolaire, le temps de l’enfant… mais là, c’est pour l’instant impensable, tant d’intérêts particuliers divergents.

Sur les 13 % de personnes qui vont à la neige chaque année, combien d’enfants ?

Pour 3 ou 4 enfants par classe qui partent skier (à part peut-être dans certaines écoles de quartiers privilégiés), plus de 20 enfants subissent cette rupture de rythme. Et bien sûr, ce sont toujours ceux qui vivent le plus d’inégalités qui en souffrent. Pour les autres, pas de soucis, les activités et les sorties culturelles  compenseront ! Pendant ce temps de découverte sportive et parfois culturelle de cette minorité d’enfants, des millions d’autres rejoignent les accueils collectifs municipaux – quand leur accès est possible –, sont devant des écrans (télés, ordinateurs, tablettes) ou tout simplement jouent au bas de leur immeuble.

L’intérêt de l’enfant ne pèse pas grand-chose face à l’intérêt économique du tourisme blanc !

Heureusement, il y a encore les classes de neige qui permettent aux enfants de partir skier quel que soit leur milieu social. La crise du Covid les ont beaucoup touchées en 2022, espérons qu’elles reprennent !