L’ancien ministre Jean-Michel Blanquer a été aspergé de mousse blanche, « possiblement de la crème Chantilly » selon Libé, mais il faudra vérifier, la police scientifique, en contact avec le laboratoire de génétique de Nantes, est déjà sur le coup.

                Deux membres de la mouvance enseignante ont été arrêtés, ils sont en garde à vue, soupçonnés de « violence aggravée ». Dans la foulée, la douane belge a intercepté un camion conduit par Noël Godin. Ont été saisis : 150 pots de crème fraiche, un impressionnant stock de capsules de gaz pour siphon ISI, plusieurs dizaines de paquets de sucre en poudr, une véritable collection de pâtes brisées toutes prêtes de marque de supermarché et une carte routière sur laquelle étaient marquées plusieurs adresses de syndicats de l’éducation. Un tel arsenal inquiète au plus haut niveau, selon une source proche du cabinet du ministre de l’intérieur : « il ne faut pas s’y tromper, des groupuscules ultra pédagos sont en train de se radicaliser et de basculer dans la violence, le SRIG (Service de Renseignement de l’Inspection Générale) est sur le pied de guerre pour protéger la République. »

                Cela fait longtemps, en effet, qu’on soupçonne les enseignants de fomenter un complot anti républicain, l’ancien ministre lui-même ne s’y trompe pas :

                Heureusement pour notre belle nation, les services sont attentifs, plusieurs groupuscules ont déjà été repérés et empêchés de nuire. On se souvient de cette équipe de Saint Denis qui pratiquait clandestinement la pédagogie Freinet, ou de ce groupuscule tapi dans l’ombre des Deux Sèvres, dans l’obscure cité de Melle, qui avait tenté de saboter les E3C pour, selon elleux « dénoncer la criante injustice que représente pour nos élèves ces épreuves mal organisées », etc.

                Mais, selon une source proche de l’ancien ministre : « la répression ne suffit pas, il faut aussi expliquer, faire de la pédagogie (sic) ». Ainsi, déjà 800 000 tenues républicaines, composées notamment de polos Lacoste sur lesquels on peut lire la mention : « Je suis un fonctionnaire éthique, responsable et exemplaire » et de lodens estampillés « Keep Calm and be laïque » ont été commandées. De même, la prestigieuse McKinsey University, dont on connait la qualité de la production, a lancé un programme de formation continue sur plusieurs années intitulé « Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer Sciences Po », le premier séminaire, dirigé par Stanislas D, intitulé « J’aime l’odeur de Parcoursup au petit matin », vient d’ailleurs de s’achever. Les stagiaires étaient très satisfaits, comme Mme X, prof au Lycée Henri IV à Paris, qui ne cachait pas son enthousiasme : « L’organisation des seuils de l’éducation (après la troisième, après le bac) est enfin assumée pour ce qu’elle est : une grande usine à cooptation. C’en est fini de l’hypocrisie, je suis très emballée. »

                L’école républicaine est-elle vraiment en danger du fait des profs ? « Non, répond notre source proche du ministre en sortant du séminaire tenu dans l’académie de Versailles, ce ne sont que des groupuscules, des ralentisseurs proactifs de système, celleux qu’on appelle communément des syndicalistes. Ils sont une minorité très active, mais l’essentiel des professeurs sont des bons élèves.»

                Le SRIG est moins rassurant : « On craint une alliance, une sorte d’intersyndicale de la boussole à l’envers, si vous voyez ce que je veux dire. On est attentif à sortir tout ce qui ressemble à une organisation représentative des instances officielles. Heureusement, le laxisme des gouvernements qui avaient introduit le cheval de Troie au ministère sous la forme de commissions paritaires appartient enfin au passé. La prise de conscience est tardive mais salutaire.» Une des options proposées est d’organiser les meetings au Stade de France les soirs de finale de football. « C’est sur la table »  dit-on au ministère.

De notre envoyé spécial près du Loing