par Sylvie Nicolli

Naître fille

Kaneila au Népal doit s’isoler de son village quand elle a ses règles, Jade en France souffre de grosso-phobie, Mahnoosh en Afghanistan s’habille en homme pour pouvoir travailler avec son père au magasin, Makena au Kenya fuit son village pour échapper aux mutilations sexuelles et au mariage forcé et s’installer à Tumaï une communauté matriarcale, Luisa, dont la sœur a été victime d’un féminicide au Mexique, subit le harcèlement de rue. Ces témoignages écrits à la première personne introduisent une réflexion sur le sexisme dans le monde. Avec une grande justesse, Alice Dussutour met en mots accessibles à tous, l’origine du sexisme et ses conséquences sur la vie quotidienne des femmes. Elle encourage la sororité, la fierté d’être née fille et l’engagement féministe qui doit concerner tout le monde. Un album est soutenu par Amnesty international. Dès 11 ans-13 ans.

Alice Dussutour (texte et ill.), Naître fille, éd. du ricochet, 2022, 176 p., 22 €.

– Feulleter les 20 premières pages : https://fr.calameo.com/read/000701689926d1fb2ac06

Le printemps d’Aubaka

Un nouveau souverain dirige Aubaka. A peine sur le trône, il évoque la sécurité et veut doter la ville et le royaume d’une puissante armée. Les habitants opposent une résistance, n’ayant jamais eu quelque peur que ce soit vis à vis d’étrangers à la ville. Le roi utilise la rumeur pour parvenir à ses fins en semant la peur de l’envahisseur… Les habitants s’y engouffrent, une menace pèse, ils doivent s’en protéger. Quelques temps plus tard, Milann arrive en ville, il revient d’un long compagnonnage à travers le pays et ne reconnaît plus Aubaka, la méfiance a remplacé la sérénité. Et comme le jeune homme n’a jamais croisé le début du commencement de l’ombre d’un seul ennemi, il va le démontrer aux habitants qui convaincus vont réussir à faire fuir le roi.

Un petit conte à message comme savent si bien le faire Didier Jean et Zad. La remise en question du pouvoir et de ses abus. Rester vigilants et critiques car la crédulité est nuisible à l’harmonie. Savoir résister à l’injustice et à la bêtise. Le texte est accompagné d’illustrations pleines pages qui lui font écho pour nous plonger dans la vie de cette ville et des moments forts de l’histoire. Dès 8 ans.

Didier Jean et Zad (texte), Pierre-Yves Cezard (ill), Caroline Taconet (couleur), Le printemps d’Aubaka, Utopique, 2022, 40 p., 17 €.

Tancho

L’histoire se passe au Japon sur l’île de Hokkaïdo où chaque hiver les grues arrivent dans les marais pour y passer la saison. Sur cette île vit Yoshitaka que tout le monde appelle Tancho, le surnom donné aux grues, car le garçon se réjouit de les voir arriver et de les observer. Mais d’années en années, il voit la colonie se réduire jusqu’à ce qu’un hiver, un seul couple s’installe. Tancho décide de nourrir les deux grues jusqu’à ce qu’elles reprennent leur migration.

C’est ainsi que chaque année, Tancho conserva une partie de sa récolte pour l’offrir aux grues et put ainsi voir la colonie s’agrandir. Le gouvernement nomma Yoshitaka le « gardien des grues » et sa ferme est devenue le centre de conservation des grues du Japon.

C’est en regardant un documentaire sur l’île d’Hokkaïdo que Luciano Lozano a eu l’idée de nous raconter le rôle que Tancho a eu dans la préservation des grues du Japon. Les illustrations nous font découvrir le beau paysage de cette île au fil des saisons, elles sont fines et délicates comme les grues. A lire dès 7 ans.

Luciano Lozano, Tancho, Les éditions des éléphants, 2022, 48 p., 15 €.