Par Laurence de Cock, sur le site de Politis
Le pédagogue Célestin Freinet fut victime d’une cabale au sein de l’institution scolaire en raison de son engagement communiste. Cette affaire éclaire les accusations visant aujourd’hui l’« islamogauchisme » et le « wokisme ».
Une petite musique se fait entendre depuis des mois dans l’Éducation nationale et l’Université : l’institution serait gangrenée par des « islamogauchistes », des « wokistes » animés par l’envie d’en découdre avec les valeurs de la République. Ce n’est pas la première fois que l’institution se fabrique des ennemis intérieurs. Dans les années 1930, le « wokiste » était rouge : l’instituteur·trice communiste, soupçonné·e de vouloir faire entrer le bolchevisme dans la grande maison. La surveillance des enseignants est une préoccupation depuis que l’école publique s’institutionnalise. La peur de la manipulation des enfants est naturellement avancée, mais c’est surtout la volonté de mise au diapason républicain qui explique ce zèle de surveillance. En 1922, une circulaire appelle à « réprimer toute manifestation contraire aux institutions républicaines ». Ce pourquoi les communistes, davantage tournés vers le drapeau rouge que les symboles républicains, sont particulièrement ciblés. L’administration n’hésite pas alors à s’allier à la police pour régenter des opérations de surveillance étroite d’enseignants fichés comme potentiellement dangereux. […]