Comment répondre aux questions des élèves, comment échanger avec nos collègues sur ce sujet difficile à ignorer ?

Pas facile d’écarter la tentation de l’impuissance : le sujet est complexe quand on n’a pas, par formation historienne ou intérêt personnel, de lumières sur cette région : on connaît généralement peu ces « terres de sang » où, au XXe siècle, se sont succédés la famine de la collectivisation stalinienne (entre 8 et 9 millions de morts) et le massacre des juifs (la « Shoah par balles », un million de personnes assassinées) durant la Seconde guerre mondiale ; on connait encore moins le passé, qui fait que l’Ukraine fut la première Russie, Kiev venant des siècles avant Moscou dans la constitution d’un Etat dans cette région .

En tout cas, du côté des élèves, les questions ne manqueront pas. Avec le public très particulier que j’ai, des migrants mineurs récemment arrivés, j’ai dû abandonner le travail sur son/sont, on/ont, ce/se par exemple, pour répondre, atlas en mains, à leurs questions inquiètes : localisation, « guerre froide », Seconde guerre mondiale… (et bientôt migrations?) ; ils n’ont pas abandonné leurs soucis (et notamment celui-ci, pressant : avoir droit à l’école, aux UPE2A ou aux classes de collège ou de lycée pro), mais ils savent qu’ils sont, pour le pire comme pour le meilleur, habitants du monde, et donc désireux de le comprendre.

D’un monde plus vaste que notre tout petit territoire national et nos réflexes idéologiques, dira-t-on de nos enfermements du quotidien ?

Et si finalement, c’était cela que nous ayons à dire à nos élèves, voire à nos collègues, modulant une formule célèbre : rien d’étranger ne nous est étranger, tout ce qui est humain nous concerne ; que ce soit dans la proximité de nos frontières (Ukraine, Méditerranée mortelle pour tant de migrants) ou plus loin dans le monde ?