La revue Recherches en éducation s’intéresse à la place des émotions chez l’élève et dans la formation enseignante. Rarement convoquée puisque les passions ne semblent pas faire bon ménage avec la raison, il serait regrettable de ne pas signaler cette recherche et les questions qu’elle entraîne.

Ainsi les auteurs définissent l’émotion, ses liens avec l’apprentissage ou comment elle peut être perçue dans le triangle didactique. Sont recensés leur récurrence dans les textes institutionnelles mais aussi au travers d’une perspective historique. Quelle place donner aux émotions dans la formation enseignante ? Comment gérer les émotions ? Faut-il privilégier les émotions positives aux négatives ? Etc..

Transformer l’émotion comme sujet d’étude est donc la bonne voie vers une ouverture du « champs des possibles » : elle est là, elle l’a toujours été et ne plus l’occulter ou la bânir, est un bon signal.

Mais on peut s’interroger aussi sur son « instrumentalisation » (dans l’air du temps) purement conceptuelle : la transformer en valeur, en compétence, en savoir faire technique. En oubliant le sujet ou la subjectivation, sans jamais désarmer la dichotomie gravée dans le marbre : l’enfant devient élève/l’adulte devient professionnel-enseignant, il s’agit bien – au bout du compte – d’une vision politique de l’école. Tout comme la « bienveillance » « institutionnalisée », n’y-a-t-il pas le risque de transformer tout ce qui devrait être vivant et vital dans des formes « de développement personnel » ou de « management de l’élève » et de « management de l’enseignant » ?

Apprendre avec le cœur : les émotions dans la formation enseignante, Coord. par Catherine Audrin, Recherches en Education, n°41, Juin 2020.
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