Avec ce « bréviaire », Irène Pereira propose aux enseignant·e·s de mener une réflexion critique sur leurs pratiques professionnelles. résolument inscrit dans les débats actuels – en particulier l’instrumentalisation des neurosciences par le
ministère – ce petit guide d’une centaine de pages est placé sous l’égide de Paulo Freire : « transformer l’expérience éducative en un simple entraînement technique revient à déprécier ce qu’il y a de fondamentalement humain dans l’exercice éducatif. »
Outre le pédagogue brésilien, Irène Pereira convoque également Simone Weil, Jürgen Habermas, les différents courants de la pédagogie critique et radicale (Henry Giroux), etc..

Cinq parties, comment autant de problématiques qui structurent une approche philosophique de l’éducation, organisent le propos. La première questionne, dans le cadre d’un régime démocratique, la volonté de guider les politiques publiques à partir d’une approche strictement scientifique. S’en suit une réflexion sur l’humanité de l’interaction pédagogique, sur le rapport à l’autorité, la formation à l’éthique professionnelle. La dernière partie s’interroge sur le rôle que peut occuper la science dans une éducation émancipatrice.

Au fil des pages, Irène Pereira questionne le rapport entre pédagogie et démocratie, à la lumière des expériences totalitaires du siècle dernier et d’une étude de quelques dystopies éducatives. « Ainsi, le problème fondamental qu’a posé le xxe siècle, écrit-elle, est celui de savoir ce qui distingue une éducation qui favorise un ethos démocratique et une éducation qui au contraire peut conduire à l’adhésion à des régimes autoritaires voire fascistes. [un] problème qui n’a rien perdu de son actualité lorsque l’on constate la montée des partis d’extrême-droite en Europe. »

Irène Pereira, Bréviaire des enseignant·e·s. Science, éthique et pratique professionnelle, éditions du Croquant, 2018, 104 p., 12 €.