Sur Arte en Replay jusqu’au 8/04/2022

En 4 épisodes : La troublante conviction de l’ignorance/P… de Christophe Colomb/Tuer à distance/Les belles couleurs du fascisme

Peut-être faudra-t-il bientôt commencer à s’inquiéter de voir un jour disparaître Arte par les temps qui courent ? Il faut s’y préparer dès maintenant et tout faire pour défendre la chaine bien vivante, avant qu’elle soit happée par bras armés du néo libéralisme, mortifère et fasciste. A moins que votre serviteur plonge dans un délire paranoïaque…

Alors n’hésitons plus, faisons tourner ! Les « anti-wokistes » ont du s’étrangler dans leur certitudes mortifères ou dans leur vomis si vous préférez, pendant les diffusion de la série documentaire réalisée par Raoul Peck.

La série documentaire que propose Arte en replay est un coup de poing dans le ventre. Le réalisateur Raoul Peck que l’on connaissait déjà pour « I’m not your negro » frappe encore plus fort dans ses quatre épisodes. Il commence par déconstruire le mythe américain, la soit-disante terre du melting-pot et du self-made-man. Cette Amérique que l’on apprenait sur les bancs des lycées, rappelez vous : où tout était possible !…. On avait omis de nous dire que c’était en piétinant des cadavres…

Puis il s’interroge (il nous interroge) sur les Lumières, quand aux mêmes moments on poursuivait l’esclavage ou l’expansion coloniale, plongeant bien d’autres continents dans l’obscurité. D’un coté la lumière qui éclaire les esprits mais qui continue à financer la traite des noirs.

Dans une période plus contemporaine et récente, il analyse les conflits à distance, la nouvelle donne des puissances occidentales, où l’ennemi qu’il soit libyen, afghan ou irakien est toujours désigné comme « l’indien ». Les instruments de morts aéroportés portent eux aussi des noms de tribus indiennes : Sioux, Comanche, Cheyenne… Comme de bons vieux réflexes rappelant l’histoire de la plus grande extermination qui fonda « le nouveau monde ».

L’auteur montre les liens évidents entre impérialisme, colonialisme, suprémacisme, capitalisme… et fascisme. Tout ça agrémenté d’extraits de films que nous avons tou·te·s enfants.

Pensez donc à Jurassic Park, ou à Indiana Jones. Mettez en pause et regardez qui prend la balle en premier. Qui se fait bouffer tout cru par les dinosaures. Qui écrase de son pied King-Kong… Et posez vous la question, comme je me la suis moi-même posé : Qui prend le coup en premier ? Qui n’est juste là que pour faire exotique  ou chair à canon ?

Autant de représentations qui infusent et distillent un poison que tous « les anti wokistes » (jusqu’au plus haut sommet de l’état dans desdits fameux colloques universitaires) veulent à tout prix mettre sous le tapis, tout en astiquant les statues de bronze sur leur piédestal et les plaques bleues marquant nos rues… à jamais. Un marquage au fer rouge qui perpétue sur la même lancée le processus mortifère d’une soi-disante supériorité. D’une domination engendrée par l’impérialisme, le colonialisme et pas mal d’autres maux en isme.

Sans parler d’autres, aussi arrogants que méprisants, qui vont en Afrique, après s’être saoulé « avec du mauvais vin » de la corruption ou à coup de barils de pétrole ou de diamants, vont expliquer à nos camarades, frères de l’autre coté de la Méditerranée, que « l’homme africain n’est pas rentré dans l’histoire »… (sic)

Les films de Raoul Peck sont en replay jusqu’en avril sur Arte.TV. J’y vois, moi, un choc, comme a pu l’être Shoah de Lanzman. Raoul Peck rassemble un immense puzzle fait de pièces aux couleurs de toutes les dominations. En terminant avec la voix de Greta Thumberg. La boucle est bouclée. les charognards ont pris tout ce qu’ils pouvaient prendre.

Quand l’intelligence d’une chaine télé vise à montrer à toutes et à tous ce que d’autres veulent laisser dans l’oubli ou glisser sous le tapis. Quand la lucarne devient un moment d’émancipation.

Je n’ai jamais compris la facilité qu’avaient mes congénères à aimer rire de mauvais bouffons payés à gros billets, tout en se faisant manipulés. Au lieu de regarder ailleurs, où ils se sentiront respectés dans leur intelligence et leur capacité à voir le monde tel qu’il est. Qu’ils puissent allumer l’allumette pour essayer de changer le rapport de force unilatéral…. depuis des siècles.

Merci encore Arte. Pour votre travail. Pour vos choix. Tu es ma belle, une magnifique alliée rassurante qui me donne le sentiment que ça pense encore ou que c’est encore possible, même si ça urge. Ici bas.

Merci Raoul Peck de tout décortiquer, tout dézinguer. Et de chercher dans les détails où se niche ce putain de diable dont on connait tou·te·s le nom et ses avatars : domination, perversion d’un système, souffrance chez les plus démunis et l’arrogance reine et bien organisée.

Grégor Lamster