Via Médecins sans frontières

“Dans leur rapport « La santé mentale des mineurs non accompagnés : effets des ruptures, de la violence et de
l’exclusion », publié en octobre 2021, Médecins Sans Frontières (MSF) et le Comede (Comité pour la santé des
exilé-e-s) font état des troubles psychiques observés chez les mineurs non accompagnés (MNA) en recours pris
en charge au centre d’accueil de jour de Pantin. Leurs constats témoignent de l’impact des parcours de vie et
d’exil sur la santé mentale de ces jeunes. Les deux organisations dénoncent également les obstacles aux soins
auxquels ils sont confrontés et dressent des recommandations pour améliorer la prise en charge de ce public.

Les conditions d’accueil des mineurs non accompagnés au cours de la procédure en reconnaissance de minorité
majorent les troubles psychiques préexistants de ces jeunes tout en favorisant l’apparition de nouveaux troubles.
C’est le constat que les psychologues de MSF et du Comede tirent de leur activité de suivi psychologique au sein du
centre d’accueil de jour de MSF situé à Pantin, en Seine-Saint-Denis.

Les mineurs reçus par les psychologues de MSF et du Comede ont pour dénominateur commun des parcours de vie complexes. Pour beaucoup d’entre eux, ils ont vécu dans leur pays d’origine des situations de ruptures et de violence. À défaut de possibilités d’accès sûres et légales, ils ont emprunté une route migratoire qui comporte de nombreux dangers. Les risques d’assassinat, d’enlèvements, d’abus physiques, de violences sexuelles et de genre ainsi que les risques d’humiliation sont prégnants sur ces itinéraires. C’est pourquoi, lorsqu’ils arrivent en France, une partie de ces jeunes souffrent de troubles psychiques ; pour la plupart des syndromes psychotraumatiques et des dépressions. Ceux qui n’ont pas développés de troubles n’en sont pas moins fragilisés. Pour tous, le départ, l’arrachement au groupe social, la violence des parcours migratoires et l’arrivée dans un environnement inconnu sont autant de facteurs de déstabilisation psychique.

Or les conditions de vie en France sont marquées par l’errance et la rue. La politique du non-accueil qui caractérise la gestion française des questions migratoires maintient les MNA dans l’isolement et la précarité. Dépourvus de protection malgré la vulnérabilité particulière qu’implique leur jeune âge, ils vivent dans des hébergements citoyens provisoires ou dans la rue où ils sont en insécurité et craignent la violence et les agressions. Ils n’ont aucune ressource financière et peuvent être très isolés. Ils redoutent que leur minorité soit définitivement niée à l’issue de la procédure en reconnaissance de minorité et d’être condamnés à vivre sans papiers ou à être expulsés. Les difficultés d’accès à l’apprentissage s’ajoutent à leur angoisse car elles les empêchent de se projeter dans un avenir meilleur.

Les conditions de vie indignes en France favorisent l’apparition d’un trouble nouveau chez les MNA, réactionnel à la précarité. Les MNA qui en sont atteints développent de nombreux symptômes : humeur triste, anxiété, troubles du sommeil et de la concentration, sentiment d’impossibilité à faire face, à faire des projets ou à continuer dans la situation actuelle.

[…]”

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