(Tract Sud éducation)

Sommaire
➢ Injonctions vestimentaires
➢ Grossophobie
➢ Assignation de genre
➢ Mutilations des enfants intersexes
➢ Droit à l’IVG

 

Injonctions vestimentaires

Régulièrement, dans beaucoup de collèges et lycées de France, de nombreuses élèves reçoivent des avertissements ou se voient refuser l’accès de leur établissement parce que leur tenue est jugée « provocante » ou « indécente ». Les coupables : jupes courtes, shorts, hauts qui laissent apparaître les épaules ou le nombril, soutiens-gorge qui dépassent, absence de soutien-gorge… Même lorsque les températures sont très élevées, on demande à ces jeunes filles de mettre un gilet ou un pantalon. Les garçons subissent beaucoup moins d’injonctions quant à leur tenue et ne sont pas accusés d’y mettre une intention sexuelle.

L’argument principal qui justifie ces injonctions est malheureusement connu : ces tenues, dit-on, « exciteraient les garçons » et « les empêcheraient de se concentrer en classe » – sous-entendant que la « concentration » des garçons prime sur l’accès aux cours des filles. Illustration parfaite d’une culture du viol qui considère que ce sont aux femmes et aux jeunes filles de faire attention à leur manière de s’habiller, qui prétend que les garçons et les hommes ne seraient pas capables de se contenir à la vue d’une épaule, d’un sein, d’une cuisse. Faut-il le rappeler ? Une agression sexuelle ou un viol n’a qu’un seul responsable : l’agresseur.

D’autres diront qu’il s’agit simplement d’avoir une tenue « correcte », « normale » ou « républicaine » dans les mots de Blanquer. Mais en quoi une jupe courte ne serait ni « correcte », ni « normale » ou « républicaine » ? La notion de décence est le règne de la subjectivité et du moralisme.

Ne nous méprenons pas, quelle que soit l’argumentation proposée, l’enjeu est toujours le même : contrôler l’habillement des jeunes filles, considérer qu’il n’est pas acceptable que leur corps soit visible, alors même que ce sont elles qui le choisissent. Ces commentaires dévoilent, par ailleurs, le système de double contrainte auquel sont soumis les femmes et jeunes filles : trop court, c’est intolérable ; trop long, c’est intolérable aussi. En France, des policiers peuvent à la fois demander à une femme, seins nus sur la plage, de remettre son haut de maillot de bain et à une autre qui porte un voile sur la plage de l’enlever. Une femme doit montrer son corps, mais pas trop. Il n’y a aucune façon de gagner : être une jeune fille ou une femme, c’est se voir sans cesse scrutée, jugée, être sommée de trouver le juste milieu. Une société qui n’a de cesse de contrôler la manière dont s’habillent les femmes est une société profondément sexiste et patriarcale. Cette société discrimine particulièrement les jeunes femmes trans, mais aussi toute personne non-binaire, agenre ou ayant une expression de genre fluide.

En tant que personnels de l’éducation, notre rôle est de former la jeunesse pour l’avènement d’une société respectueuse des libertés de chacun·e. Ce sont les garçons qu’il faut éduquer, en leur disant qu’aucune tenue vestimentaire n’est jamais une invitation à quoi que ce soit, (ni à commenter, ni à toucher), et qu’il leur faudra bien apprendre à se concentrer en classe quelques soient les circonstances.

• Nous soutenons les jeunes collégien·ne·s et lycéen·ne·s dans leur combat pour le droit de s’habiller comme ils et elles l’entendent, et contre les remarques sexistes des adultes.
• Nous condamnons toutes les démarches qui visent à interdire l’accès à l’établissement scolaire à des élèves sous prétexte d’une tenue inadaptée.
• Nous condamnons les règlements intérieurs qui se transforment en police vestimentaire et restreignent de manière injustifiable la liberté des élèves et exigeons la réécriture de ces derniers.
• Nous revendiquons une réelle éducation pour tou·te·s les élèves sur les questions de sexisme, de genre et de consentement.

Grossophobie

En 2019, le terme grossophobie entre dans le dictionnaire : « attitude de stigmatisation, de discrimination envers les personnes obèses ou en surpoids ». Cette entrée est une première victoire symbolique pour les personnes et collectifs qui se mobilisent pour faire entendre la réalité des discriminations systémiques que subissent les personnes grosses ou perçues comme telles. La stigmatisation, les discriminations et le dénigrement que subissent ces personnes sont étroitement liées aux injonctions normatives sur les corps, qui pèsent avec d’autant plus de force sur les femmes. Aujourd’hui, dans les représentations (publicité, médias, films) et l’opinion commune, la minceur, voire la maigreur, est valorisée. Tout signe de surpoids fait l’objet d’une forte culpabilisation et s’accompagne de stéréotypes : paresse, manque de volonté, négligence, stigmate social.

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