(Article du blog Mediapart de Théo Roumier)

C’est donc annoncé : les écoles, collèges, lycées et lycées professionnels vont fermer le 6 avril. Pour combien de temps ? L’annonce d’une reprise est à prendre à la mesure de ce qu’a été la politique de Jean-Michel Blanquer depuis le début : déni, mépris, mensonge et entêtement. Il y a urgence dans l’éducation, de la maternelle à l’université, et c’est à nous de reprendre la main.

Il n’était manifestement plus possible d’attendre. Les droits de retrait se sont multipliés ces derniers jours : parce qu’il fallait se battre pour imposer l’évidence là où le virus frappait gravement et durement. La situation dans un nombre grandissant d’écoles et d’établissements était à la rupture. Le feu couvait face à l’irresponsabilité manifeste du ministère, comme des hiérarchies intermédiaires livrées à elles-mêmes.

Que la situation soit difficile, et les choix à faire également, personne ne le conteste.

Mais fallait-il alléger les protocoles sanitaires dans de nombreux établissements, abandonnés à une « autonomie » de façade, sans moyens ? Et ne rien changer dans les écoles et les collèges en pleine explosion de variants ?

Fallait-il continuer à crier sur tous les toits, comme l’a fait de manière absurde Blanquer pendant des mois, qu’on se contaminait moins à l’école qu’en famille ?

Fallait-il mentir sur les chiffres de contamination ?

Où sont les masques gratuits pour les élèves ? Où sont les campagnes massives de tests et de vaccins pour tous les personnels ?

L’urgence était-elle à mener une campagne de haine et de division sur le prétendu « séparatisme », sur le prétendu « islamo-gauchisme », sur des groupes de paroles et des ateliers antiracistes comme se sont acharné·es à le faire Blanquer et Vidal ?

Taper sur l’Unef et SUD éducation, la ficelle est un peu grosse et ne suffit pas à masquer autant d’incompétence.

Il existait d’autres solutions, d’autres possibilités : et d’abord d’écouter les personnels, les parents et les élèves !

En novembre dernier ce sont elles et eux qui avaient pallié les défaillances du ministère en élaborant leurs propres protocoles sanitaires, imposant le dédoublement dans les lycées et les lycées professionnels (même si son application aura été, au mieux, contrastée). L’auto-défense sanitaire était leur seul recours.

Écouter les Assistant·es d’éducation, les AED, mobilisé-es depuis des mois, les Accompagnantes et accompagnants d’élèves en situation de handicap, les AESH, appelé·es à la grève ce 8 avril.

Le feu

Blanquer préfère brûler la maison éducation en rendant 200 millions d’euros au Budget plutôt que d’investir en construisant les bâtiments nécessaires, en recrutant massivement des personnels, d’éducation mais aussi de santé, sociaux, d’entretien, de vie scolaire bien sûr.

Blanquer préfère casser le thermomètre en allégeant les protocoles sanitaires, en s’entêtant dans le déni et le mépris des personnels et des élèves, plutôt que de voir la réalité des contaminations et de la circulation du virus en face.

Les mesures prises, trop timorées, trop tardives, n’ont pas enrayé la situation de crise. Le ministre n’a pas été à la mesure de l’urgence. Il a failli. Sa démission devrait être une évidence.

Parce que la fermeture des écoles et des établissements est un échec. D’abord pour les enfants des premier·es de corvée, celles et ceux des classes populaires pour qui le service public d’éducation est fait. Pour l’école, il faut reprendre la main : c’est un véritable plan d’urgence qu’il faut pour l’éducation, de la maternelle à l’université. Il va falloir l’arracher, l’imposer. Alors nous continuerons à nous organiser, à résister ensemble, à s’entraider.

La suite sur le blog Mediapart de Théo Roumier ici : https://blogs.mediapart.fr/theo-roumier/blog/010421/pour-l-ecole-reprendre-la-main