Lundi 16 mars. Je me suis porté volontaire ce matin pour accueillir les enfants des personnels soignants. Pas pour faire le héros, mais parce que ma fille partait hier en confinement avec sa mère dans une grande maison.

Oui, j’ai la possibilité et je le fais mais je ne donnerai de leçons à personne : peut-être que c’est une façon de déstresser, de vouloir se rendre utile, tuer la solitude, l’école est proche de chez moi… aucune idée, on a chacun.e sa façon de gérer le stress.

Je repense au personnel hospitalier et à la façon dont il (surtout des femmes) s’est comporté au moment du décès de ma mère. Je leur en suis encore reconnaissant.

Ce ne sont pas des héro.ïne.s mais des professionnel.le.s qui font un métier socialement utile.

Je repense à la manifestation pour la santé pendant les dernières vacances à laquelle j’étais.

Je repense à la façon dont les gouvernements successifs ont fermé les hôpitaux et ont organisé le manque de moyen pour répondre à des logiques économiques égoïstes.

Je repense encore à la phrase de notre ministre Blanquer le jeudi 12 mars où il prétendait que les écoles ne fermeraient pas massivement alors que le soir même Macron disait le contraire ; à la volonté de faire venir coûte que coûte les enseignant.e.s dans les écoles le lundi 16 mars alors que le soir même Macron disait le contraire en annonçant le confinement.

Notre ministre a massivement menti à la population en disant que nous étions prêt.e.s face à cette crise. Aucune journée n’a été banalisée pour que nous préparions quoi que ce soit. C’est une improvisation totale.

A vouloir se montrer rassurant, il a développé l’impréparation des équipes ; pire encore, nous avons certainement eu des gestes à risque dans nos classes car notre travail sur bien des points est antinomique avec certaines pratiques de réduction des risques (expliquer en individuel à un enfant des notions…).

J’en veux à nos gouvernants car si ils n’y sont pour rien sur l’existence de la maladie, les mesures prises ont certainement été tardives. A notre niveau, depuis plus d’une semaine, on observait des cas apparaitre ici et là… de plus en plus proches.

Mais il ne fallait surtout pas affoler l’économie et les profits ! Pourtant ils avaient les exemples de la Chine, de l’Italie et auraient dû agir. Croyaient-ils que ça allait faire comme les nuages de Tchernobil et ne pas pas passer la frontière ? Retard criminel dans les décisions.

Aujourd’hui, si je peux aider le personnel soignant, mes voisines et voisins… je le ferai du mieux que je peux et avec mes limites !

Je ne réponds pas à un appel guerrier d’un président qui n’a eu de cesse de vouloir dégrader nos conditions de vie et de travail. Je ne suis pas en guerre, ni un soldat. Je suis un travailleur avec une éthique un travailleur solidaire. Je suis pour la vie, la paix. Alors, je rencontrerai le moins de monde possible, alors j’appliquerai les consignes sanitaires…

Aujourd’hui, je suis allé à l’école, j’ai écouté les conseils et j’en ai donné sur notre sécurité. Nous avions des masques, des gants, des distances de sécurité… Nous avons fonctionné de manière humaine. J’ai été heureux de retrouver des collègues que je connaissais déjà. Oui, on se connaissait des luttes : contre la loi Blanquer, contre la réforme des retraites… pour des meilleures conditions de vie ! Non, nous n’avons pas besoin des injonctions pour être solidaires.

Nous avons remarqué que les informations circulaient très mal. Des collègues veulent aider mais ne savent pas comment.

Comme nous ne sommes pas des héroïnes et des héros mais des travailleuses et des travailleurs, nous allons exiger des masques, des tests pour le personnel et les enfants, des effectifs très restreints d’élèves dans les classes et les établissements pour ne pas augmenter les risques que nous prenons.

En février, Macron disait à sa majorité d’être fier, d’être des amateurs. Buzin, alors que le Coronavirus se développait dans le monde et en pleine crise sociale des hôpitaux s’est barrée pour remplacer le candidat malheureux.

Cet amateurisme a peut-être tué des gens, des proches… Au moment où la situation reviendra à la normale (avec nos deuils, nos cicatrices…), souvenons-nous, nous les professionnel.le.s, celles et ceux qui travaillons, que ceux qui nous dirigent sont des incompétents, que leur politique est antinomique avec le bien être.

J’espère que je vais aller, que vous allez aller, que nous allons aller. Soyons solidaires avec tout le monde, soyons prudente.s !

David, prof des écoles à Paris