Le collectif Enseignants pour la planète nous alerte :

Suite aux annonces de rentrée, le Ministre Blanquer a réuni le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) afin de plancher sur les nouvelles orientations de l’éducation au développement durable. Parmi les experts convoqués, François Gervais et Vincent Courtillot assombrissent fortement ce qui devait contribuer au verdissement du paysage pédagogique à venir. En effet, ces deux professeurs émérites de Physique et Géophysique revendiquent publiquement d’appartenir au camp des climatosceptiques. 
 Devant le tollé provoqué par ces consultations, le CSP par la voix de Souad Ayada, sa présidente, prétend qu’il « se devait d’écouter tous les représentants de ce débat », y compris « des gens qui ne défendent pas une position unilatérale ». Pour elle, « le scepticisme est une qualité intellectuelle ». Face à une communauté de scientifiques dont les travaux sont unanimes, face aux catastrophes déjà en cours qui viennent en confirmer les conclusions, face à une jeunesse de plus en plus consciente des risques encourus, ce relativisme nous semble aussi inapproprié qu’indécent. Si toutes les opinions se valent et si l’on fait fi de toute rigueur scientifique, qui allons-nous voir défiler, lors des prochaines auditions du CSP ? Des créationnistes ? Des complotistes ?
De tels discours révèlent en fait chez les membres du CSP une profonde confusion entre ce qu’est une opinion et ce qu’est un fait. Les conclusions scientifiques ne sont pas des questions d’opinions, elles sont des questions de démonstrations et celles des climatosceptiques ont été largement considérées et invalidées dans les travaux du GIEC. En plaçant les climatosceptiques au même niveau que le GIEC, le CSP fait le choix dangereux d’une transmission culturelle qui minimise les enjeux environnementaux quant ils devraient aujourd’hui être une priorité éducative. 
EPLP ne déplore pas moins la présence devant le CSP de la représentante de Total Manoelle Lepoutre. Dans la mesure où Total fait partie des 100 entreprises tenues pour responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre, on s’attendait plutôt à les voir considérer comme experts en destruction climatique.  
Les membres du collectif EPLP sont toutefois peu surpris de ces nouvelles. Plus d’une fois, nous avons pu constater l’emprise des lobbies du monde industriel sur notre institution.  Plus d’une fois, quand certain.e.s de nos membres ont tenté d’avertir leur hiérarchie (corps d’inspection notamment) du décalage colossal entre le discours des programmes et le discours des scientifiques reconnus sur la question, il leur a été répondu que “ce n’était que leur opinion”, et que “d’autres points de vue pouvaient exister” ! Notre institution continue manifestement – et cela est gravissime – à se voiler la face sur la réalité.
Si le collectif est coutumier du retard pris par nos instances de décision en termes d’adaptation aux réalités du changement climatique, la nomination de ces trois expert.e.s laisse entrevoir un tableau bien plus sombre. Par certains aspects, nous retrouvons dans ce fait d’actualité le souvenir douloureux de la controverse autour du tabac ou des perturbateurs endocriniens. En somme, l’intrusion de personnalités clairement opposées au consensus scientifique dans le but de gagner du temps, et ce malgré l’urgence à apporter des réponses aux crises à venir.  Comment peut-on accepter que le Conseil Supérieur des Programmes, pourtant coutumier des agendas à court terme, se laisse aller à un tel manquement ?
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