James Guillaume : les débats pédagogiques de la Première internationale

A l’occasion de la rencontre “L’autre école de la République” organisée par la revue N’Autre école et le collectif Questions de classe(s), Jean-Charles Buttier nous a présenté les figures de Ferdinand Buisson, James Guillaume et Paul Robin. L’occasion de replonger dans les débats pédagogique de l’Association internationale des travailleurs. Lecture par Valérie Girardon.










Idées sur l’organisation sociale par James Guillaume, membre de l’Internationale, La Chaux-de-Fonds, imprimerie Courvoisier, 1876. Exemplaire disponible sur Gallica.

Extraits du carnet de recherche James Guillaume, un itinéraire : https://jguillaume.hypotheses.org/

P. 39 : « L’enfant n’est la propriété de personne, il s’appartient à lui-même ; et pendant la période dans laquelle il est encore incapable de se protéger lui-même, et où par conséquent il peut être exposé à l’exploitation, c’est à la société à le protéger et à lui assurer la garantie de son libre développement. C’est à la société aussi à se charger de son entretien : en subvenant à sa consommation et aux diverses dépenses que nécessitera son éducation, la société ne fait qu’une avance, que l’enfant lui remboursera par son travail lorsqu’il sera devenu un producteur. »

P. 39-40 : « À  ce questions nous répondrons : L’éducation des enfants doit être intégrale, c’est-à-dire qu’elle doit développer à la fois toutes les facultés du corps et toutes les facultés de l’esprit, de manière à faire de l’enfant un homme complet. Cette éducation ne doit pas être confiée à une caste spéciale d’instituteurs : tous ceux qui connaissent une science, un art, un métier, peuvent et doivent être appelés à l’enseigner. »

P. 42 : « Plus d’école arbitrairement gouvernée par un pédagogue, et dans laquelle les élèves tremblants soupirent après la liberté et les jeux du dehors. Dans leurs réunions, les enfants seront complètement libres : ils organiseront eux-mêmes leurs jeux, leurs conférences, établiront un bureau pour diriger leurs travaux, des arbitres pour juger leurs différends, etc. Ils s’habitueront ainsi à la vie publique, à la responsabilité, à la mutualité ; le professeur qu’ils auront librement choisi pour leur donner un enseignement, ne sera plus pour eux un tyran détesté, mais un ami qu’ils écouteront avec plaisir. »

P. 43. « Note: On peut consulter avec fruit, sur cette importante question de l’enseignement, un excellent travail publié il y a quelques années sous ce titre : De l’enseignement intégral, par Paul Robin. »





Nationaliste, colonialiste, ségrégative, conservatrice, « fille et servante du capitalisme »… assurément l’école dite de Jules Ferry, que nos réac-publicains rêvent aujourd’hui encore de restaurer, est bien loin de l’horizon émancipateur qui est celui de nos luttes syndicales, sociales et de nos pratiques pédagogiques.
Mais si Ferry construisait son école afin de « clore l’ère des révolutions », d’autres, tels Ferdinand Buisson, mais aussi des militants de la Première Internationale (James Guillaume, Paul Robin) ont rêvé, et commencé à mettre en oeuvre, une autre école. Une école sociale pour une république sociale, démocratique et universelle. Ils ont tenté de subvertir de l’intérieur cette institution et nous sommes – syndicalistes, pédagogues, militant∙e·s associatifs – les héritiers et les héritières de leurs combats. La réédition du Dictionnaire de pédagogie de F. Buisson, coordonné par J. Guillaume, nous offre l’occasion d’en reparler.

Les autres vidéos de cette rencontre sont sur la chaine You tube de Questions de classe(s)