On s’interroge beaucoup sur les mauvais résultats des écoliers et des lycéens français à TIMMS. Certains, comme pour PISA, déclareront que le thermomètre a tort, et ce genre d’enquête mérite d’être regardée de près. N’empêche.
Ceux qui diront que cette comparaison internationale les laisse froids, car la compétition entre pays les hérisse, sont hors sujet. « Face the truth ! »

Les explications rapides pleuvent : tel prof de maths disait dans Le Monde qu’on fait trop « autre chose » que les maths et qu’on forme des citoyens plutôt que des scientifiques. Cela donne plus d’information sur son auteur que sur le sujet.
Dire que les conceptions élitistes qui dominent dans ce champ de savoir expliquent le renoncement du plus grand nombre d’élèves serait une explication plus sympathique… mais qui risque d’être tout aussi fausse. Après tout, les pays qui s’en tirent mieux n’ont pas nécessairement une vision plus égalitaire.

Rémi Brissiaud est plus intéressant. Dans la lignée de ses petits livres chez Retz sur les commencements de l’enseignement des maths à la maternelle et en élémentaire, il nous fournit des pistes :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/11/30112016Article636160871077821556.aspx
Il n’a pas été contredit quand il a attaqué au bazooka les programmes Darcos. Comment s’appelait le premier ministre d’alors ?
Remontant un peu plus loin, il incriminait les mesures d’un autre gouvernant « rétablissant l’ordre », Chevènement.

Mais au-delà de l’analyse, quel grain à moudre pour les enseignants du premier degré et les profs de maths ? Voilà un vrai… problème.

Pour avancer dans sa résolution, deux citations. Celle d’un pédagogue, Gérard de Vecchi, et celle d’un autre pédagogue, Nico Hirtt, le second avec un engagement politique et social fort (APED http://www.skolo.org/?lang=fr ) :
« Faisons entrer les élèves, le plus souvent possible, dans des activités de résolution de vrais problèmes par la mise en place de situations complexes faisant appel à des compétences disciplinaires mais aussi transversales, donc pas uniquement mathématiques. Ainsi la créativité et l’esprit critique seront sollicités » (p. 39 de Former l’esprit critique, tome 2, ESF – nombreux exemples pratiques à la suite).
« Il faut éviter d’imposer la théorie puis de passer aux applications, mais plutôt de partir d’un problème donné, étudier les différentes solutions, comparer les méthodes. » (Qu’as-tu appris à l’école p. 121).
D’autres spécialistes (Gérard Vergnaud, Roland Charnay) vont dans le même sens.
Mes très modestes observations de non-matheux (mais travaillant le sujet occasionnellement avec des élèves très différents) me confirment dans cette lecture.

Qu’en pensent les praticiens ? Quel temps ont-ils pour aborder la question entre eux ? Pour bâtir dans la contiguité d’une école ou d’un cycle, dans la continuité entre niveaux (notamment CM2-6° et 3°-Seconde) ? Un temps à trouver, à revendiquer ?

C’est eux, c’est NOUS, qui résoudrons le problème.

Jean-Pierre Fournier