J’ai pris connaissance connaissance avec consternation de l’accord passé hier, 30 novembre 2015, entre le ministère de l’Éducation Nationale et la société Microsoft sur le numérique à l’école.

Le contenu de cet accord ne laisse aucun doute : il s’agit bien d’une mise sous tutelle de l’EN par Microsoft.

Le descriptif des 5 axes clés est clair.

1. L’accord engage les 2 parties dans une démarche visant à l’adhésion à une
« Charte de confiance » qui n’est pas encore rédigée…
Comment un ministre peut-il s’engager sur un texte qui n’existe pas ? Pourquoi y aurait-il besoin d’une charte de confiance ? Qui est visé ? Quel besoin d’une telle charte si ce n’est pour prouver que les produits Microsoft n’inspirent aucune confiance !

2. L’accompagnement et la formation des acteurs du Plan Numérique à l’École utilisant les technologies Microsoft, des cadres aux enseignants. Là, on a bien la dimension de mise sous tutelle, c’est écrit.

3. La mise à disposition de solutions pour une utilisation pertinente, facile et optimale des équipements mobiles. Ici, c’est un peu plus opaque. En fait Microsoft a, sur les bras, beaucoup de matériel invendu en matière d’équipements mobiles au vu du retard technologique accumulé : il fallait bien lui trouver un débouché ! Et puis, donner l’habitude aux élèves d’utiliser ces produits permettra sans doute d’en vendre d’autres… business is business. Cerise sur le gâteau : les établissements pourront confier leurs données au cloud de Microsoft ! Bonjour la confiance…

4. Une expérimentation pour l’apprentissage du code à l’école. Là, c’est carrément ridicule. Le code, chez microsoft, c’est top secret. Alors on va apprendre aux élèves à coder en visual basic ? De qui se moque-t-on. Quel gogo peut bien signer un accord pareil ?

5. Une aide de Microsoft aux acteurs français de l’e-Éducation. Le verrou du système est là. Obliger les éditeurs français à passer par du Microsoft-compatible exclusif afin d’empêcher d’utiliser tout autre système d’exploitation.

Il y aurait encore beaucoup à dire. Par exemple, une question. Qui va payer des ordinateurs tout neufs dans toutes les écoles, dans tous les collèges, dans tous les lycées , etc pour permettre l’installation du Windows 10, le système d’exploitation OFFICIELLEMENT espion de la société de Redmond ? Ou encore ?
Microsoft ne paie pas d’impôts en France. Mais cet accord met en danger toutes les petites entreprises qui se sont créées autour du logiciel libre. Il y a une logique là-dedans ?

Bruno Desroches