Un très riche et pertinent article sur le site de nos amis d’Aggiornamento

Rédactrices : Sarah Gensburger et Sandrine Lefranc

Au lendemain des mobilisations massives du 11 janvier 2015, qui ont réagi aux actes criminels commis les jours précédents en France, la question est posée : qu’est-ce qui peut faire d’une journée, déjà qualifiée d’« historique », le point de départ de changements politiques et sociaux garantissant que ces crimes ne se reproduisent plus ?

De l’activité diplomatique à la politique sécuritaire, les moyens sont nombreux. Parmi eux, la pédagogie est affichée comme une priorité gouvernementale. Au lendemain de la manifestation, la ministre de l’Éducation nationale a ainsi convoqué les acteurs du monde éducatif, enseignants et parents, pour les appeler à se mobiliser. Nous sommes des éducatrices (enseignantes et mères), toutes prêtes à nous mobiliser.

Mais cet ordre de mobilisation, et les rappels vibrants d’une pédagogie de la tolérance et du vivre-ensemble, laissent songeuses les sociologues, spécialistes des situations génocidaires et des politiques de la paix et de la mémoire, que nous sommes aussi. Nous ne poserons ici qu’une seule question : pourquoi a-t-il été finalement si facile de basculer dans la violence terroriste et dans l’acte antisémite, à des Français, éduqués par l’école de la République (le centre des Monédières à Treignac, le lycée Cabanis de Brive, pour les frères Kouachi), informés par des médias républicains et autant de vecteurs d’un sens moral habité par le leitmotiv du « devoir de mémoire » et du « plus jamais ça » – plus jamais une violence fondée sur l’hostilité à l’égard d’un groupe quel qu’il soit, religieux, ethnique ou, dans le cas de Charlie Hebdo, professionnel ?

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