Je suis avs (auxiliaire de vie scolaire) ou plutôt AESH (accompagnante d’élève en situation de handicap comme on dit depuis le nouveau décret.

Je souhaite parler sur ce site de ce qui me semble être une grande imposture. Il faut savoir que jusqu’alors nous sommes recrutés en cdd d’un an renouvelable.
Nous sommes cédéisables paraît-il, chouette, la fin de notre précarité ? Il faut savoir déjà qu’il existe deux types d’AESH :
– des aed, avec le bac. C’est mon cas et pour atteindre un cdi, il faut accumuler 6 cdd (sans interruption de plus de quatre mois, il faut allumer quelques bougies pour espérer qu’il n’y aura pas de pb de budget sinon retour à la case départ). Il n’existe dans aucune autre profession une “période d’essai de 6 ans”. Avant cette cédéisation, nous étions jetés comme des vieux kleenex au bout de 6 ans lors que nous avions acquis un réel savoir sur le terrain pour être remplacés par des personnes ne connaissant rien au travail et jetées à leur tour, etc.

Il faut savoir qu’une fois le Graal du CDI atteint, nous restons des précaires et qu’un CDI à temps plein de droit public est égal à 41 heures. Ce qui est impossible à atteindre dans une semaine scolaire. C’est mathématique. Donc nous n’aurons droit qu’à des CDI à temps partiel. La précarité est donc cédéisable.

– deuxième type d’Aesh, des personnes en contrats aidés (ex EVS), qui sont qui ne sont pas dans l’obligation d’avoir le bac ou un quelconque niveau d’études (ce qui n’en fait pas forcément de mauvais professionnels évidemment). Ces personnes sont éjectées dès la fin de leur contrat.

Il faut savoir que nous n’avons aucune formation sur le handicap, que nous sommes des pions et que nous sommes placés et déplacés d’une année sur l’autre sans aucune considération pour l’enfant qui se retrouve chaque année avec une nouvelle avs voir pas d’avs du tout.

Les demandes des familles, des professionnels et des avs (il faut que je m’habitue à dire aesh) ne sont jamais prise en compte par l’administration. “Il ne faut pas que l’enfant s’attache, ils faut que les enfants s’habituent au changement” sont des phrases clé que nous entendons maintes et maintes fois. … Alors que pour certains handicaps, la stabilité, la continuité sont très importantes. Il y a une réelle violence institutionnelle envers les familles, les élèves et les professionnels que nous essayons d’être.

Enfin et surtout, ce qui me scandalise profondément, c’est que pour être aesh et accompagner ces élèves en situation de handicap, il faudra être titulaire d’un diplôme d’aide à la personne (amp, auxiliaire de vie sociale, aide à domicile). Ce que dit le décret : “Une qualification spécifique aux postulants est exigée, à travers la détention d’un diplôme professionnel dans le domaine de l’aide à la personne (dans un futur proche, les diplômes d’État d’auxiliaire de vie sociale, d’aide médico-psychologique ou de mention complémentaire aide à domicile seront remplacés par un diplôme professionnel unique), sauf si ces derniers peuvent justifier d’exercice professionnel antérieur d’au moins deux ans sur des fonctions d’aide à l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap.” Et cela démontre le regard de l’Etat sur le handicap. Tout d’abord parce que ce sont des diplômes peu qualifiés et donc un personnel à bas prix. Une formation réellement qualifiante formerait un personnel bien sûr trop cher et puis moins malléable. L’Etat a décidé de nous fonde avec le métier d’auxiliaire de vie sociale qui consiste entre autres à intervenir au domicile des personnes âgées.
Ce qui me choque, je le répète, profondément, c’est que ce sont des diplômes d’aide à la personne qui seront demandés. Quel regard sur le handicap cela suppose t-il ? L’aide à la personne concerne en général les personnes âgées
Cela montre que pour l’Etat, accompagner un élève en situation de handicap serait comme accompagner des personnes en maison de retraite ou à domicile ? La pédagogie n’est jamais mentionnée. Elle n’existe pas dans les diplômes d’aide à la personne bien évidemment. C’est un véritable scandale.

Voilà nous allons voir apparaître pour accompagner ces enfants toute une population peu qualifiée, corvéable à merci.
De plus, les aesh pourront être sous traités par les collectivités locales pour faire du périscolaire. On sera des espèces de précaires, peu qualifiés, bon à tout faire, sans savoir faire. Accompagner un élève dans un classe puis après le suivre en périscolaire et se retrouver à faire de l’animation… Avec évidemment des horaires fous.

Pour accompagner des élèves en collège et lycée, je pense qu’il faut une réelle formation (sur le modèle italien) pour pouvoir réexpliquer, reformuler les maths, le français, l’Histoire Géo.
Voilà, je suis écoeurée car c’est un métier formidable. Mais pour l’Etat, un seul objectif, le handicap ne doit pas coûter cher. Et pour cela, il faut du personnel peu qualifié. Des précaires formés à l’aide à la personne remplaceront les enseignants spécialisés d’autrefois. L’élève n’est pas et n’est pas près d’être au centre du dispositif. Et je le souligne une fois de plus le scandale est dans le diplôme exigé pour accompagné ces élève. Et dans le regard de l’Etat sur le handicap sous tous ces discours faussement bienveillante autour de la loi 2005 Laura