Une rentrée tourbillonnante, comme à l’habitude : tout le monde y croit, tout le monde s’active, les bonnes résolutions (et les traditionnels communiqués-marronniers) fusent de partout. La nomination dans le même temps d’une nouvelle ministre ajoute un brin d’excitation, du fait des insultes de l’extrême-droite – une extrême-droite qui déteint jusqu’à la droite dite civilisée. Quelques maires agitent la réforme des rythmes, mais eux-mêmes n’y croient guère. Parions que ces tourbillons de rentrée scolaire cesseront.

Les tourmentes qui secouent la planète (cf. le billet de Catherine Chabrun) sont plus graves et hélas plus durables. Quelle que soit la spécificité de chacune d’entre elles, elles se déroulent sur fond de grande pauvreté et d’hystérie religieuse ou nationale. Nous en sommes loin – mais pas si loin quand nous recevons dans nos classes ces enfants ou ces jeunes qui viennent d’ailleurs. Et qui sont si mal traités, nous y reviendrons sur ce site. Disons seulement – il faut le faire savoir – qu’il y a des élèves qui dorment dans la rue, n’ont pas le premier centime pour s’acheter les fournitures scolaires et doivent à la générosité des établissements le fait de manger à midi.

Nous ne travaillons donc pas dans cette « atmosphère sereine »qui n’a jamais existé que pour les hypocrites. Si le statut d’enseignant protège le plus grand nombre d’entre nous (mais ce site n’est heureusement pas lu que par des enseignants!), personne ne peut ignorer la réalité sociale. Et là-dessus, Questions de classe fait des choix :

en s’intéressant d’abord aux enfants des classes populaires, que les pratiques ordinaires de l’école, sans mauvais vouloir, éloignent non seulement des apprentissages, mais d’une construction fière de sa personnalité au milieu des autres et avec eux ;

en prenant donc parti pour tout ce qui fait avancer le collectif et l’égalité : les conseils coopératifs dans la classe, l’établissement de relations égalitaires avec les parents, le travail d’équipe entre enseignants ;

en sortant des microcosmes mortifères que sont la profession quand on est crispé sur ses petits avantages, le pays quand il se replie sur lui-même et exclut les étrangers.

Ce sont des choix, bien sûr, pas des vérités scientifiques. Il y a mille manières de les travailler.

Mais ce sont nos boussoles.