En cette fin de mois d’août, tout le monde pleure sur la météo : les heureux vacanciers (car ceux qui ne partent pas…), les cafetiers et restaurateurs des villes touristiques, les agriculteurs, les vendeurs de maillots de bain et de crèmes solaires, etc. Des images tristes de retours de vacances scandent les journaux télévisés : aéroports, gares, autoroutes…

En cette fin de mois d’août, moi je pleure. Pas sur la météo, mais sur cet horrible été 2014 où chaque jour ajoutait au précédent son nombre de morts, de destructions et de massacres.
Dans quelques jours en France, c’est la rentrée des classes pour les enfants. Tout le monde se prépare, les grandes surfaces exposent, les parents emportent les listes des fournitures, les enfants sourient dans les rayons… les reportages des médias nous feraient presque oublier la crise.
Chaque enfant peut rêver à sa maîtresse ou à son maître, à ses camarades. Chaque rentrée permet à chacun de se sentir élève comme tous les autres, même si quelques heures ou quelques jours plus tard, les différences se feront bien sentir.

Demain à Gaza, en Syrie… ce ne sera pas la rentrée des classes. Ce ne sera pas la rentrée pour les enfants dont la vie a été ôtée en une fraction de seconde. Ce ne sera pas la rentrée pour ces enfants ayant perdu leur maison, leur quartier, leur famille… Plus d’école, même celles de l’ONU ont été bombardées.
Quels rêves d’avenir pour ces enfants ? Les images de tous les massacres, de tous les corps mutilés resteront gravées à jamais dans leur coeur et dans leur corps. Enfance volée. Pour lui, pour elle pas de « Quand je serai grand(e), je serai maîtresse, pompier, infirmier, coiffeuse… ». Prendra-t-elle, prendra-t-il les armes ? Feront-ils exploser à leur tour une maison, une école ?

Alors que les nouveaux rythmes scolaires, les notes et l’évaluation, les nouveaux programmes (peut-être un peu moins pour eux !) vont envahir les médias, n’oublions pas tous ces enfants privés de toit, d’école, qui ont peur, faim, soif qui au rythme des alertes fuient les bombardements, recherchent un abri et qui à chaque seconde risquent de perdre la vie.

Dans cet horrible été 2014, on a commémoré Jean Jaurès assassiné le 31 juillet 1914 quelques jours avant la mobilisation générale, lui qui jusqu’à ses dernières heures militait pour la paix.
On a rendu hommage aux millions d’humains morts pendant la Première Guerre mondiale.
On a fêté aussi les 70 ans de la Libération de Paris.
Des anniversaires qui montrent la violence des guerres. Or, l’éducation à la paix ne se fait pas seulement dans les commémorations… elle se construit tous les jours au sein des écoles, des classes, de tous les espaces éducatifs. En 1956, Célestin Freinet l’exprimait très bien dans ce texte : « L’éducation est le ciment de la paix ».

Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, l’Éducation nouvelle a pensé des pédagogies porteuses de paix et pourtant… cent ans plus tard, elles sont toujours à mettre en œuvre.