Nous, associations de promotion de l’égalité femmes-hommes, association de parents d’élèves, syndicats des personnels de l’Éducation nationale, d’étudiant-es et de lycéen-nes, attendons de pied ferme l’annonce de la généralisation du dispositif des « ABCD de l’égalité », à la veille des déclarations de Benoît Hamon sur le sujet.

Nous voulons la généralisation des ABCD parce qu’ils sont efficaces ! Ils interrogent les enseignants et enseignantes sur leurs représentations et leurs pratiques. Ils questionnent les enfants sur leurs imaginaires et leurs projections, d’eux-mêmes et des autres. Et mettre en cause les stéréotypes de sexe, c’est enrayer la machine à inégalités ! Les ABCD font vivre concrètement cet idéal d’égalité, fièrement affiché sur les frontons de nos écoles publiques.

Nous voulons la généralisation des ABCD parce que le bilan des 30 ans de politiques publiques d’éducation à l’égalité est insuffisant et qu’il y a urgence à agir ! A-t-on besoin de rappeler qu’aujourd’hui encore, la majorité des femmes est cantonnée dans moins de 15% des filières professionnelles ? Que malgré leur fort taux de réussite scolaire, les femmes gagnent encore 27% de moins que les hommes ? A quoi bon inciter les lycéennes à s’orienter vers des filières d’ingénieur si les stéréotypes de sexe ne sont pas déconstruits ? N’est-ce pas le rôle de l’école ?

UN MONDE SANS DISCRIMINATION SEXISTE

Nous voulons la généralisation des ABCD parce que nous attendons depuis trop longtemps une légitimité institutionnelle et perdons patience ! Nous portons tant bien que mal et à bout de bras l’égalité depuis des décennies. Chacun à notre niveau, nous organisons des journées de l’égalité par-ci, des réunions de sensibilisation par là. Sans moyen humain ou financier à hauteur de cet enjeu. Portés par notre volonté de construire un monde sans discrimination sexiste. Nous avons aujourd’hui besoin d’un appui, de poser les fondamentaux qui nous permettent de poursuivre notre action.

Nous voulons la généralisation des ABCD parce que renoncer aux engagements est désastreux pour la démocratie et qu’il en va du bien-être des enfants. Votre volonté affichée de faire de l’égalité un marqueur identitaire de votre politique a soulevé l’espoir de voir se concrétiser le projet de progrès qui nous rassemble : faire grandir cette société égalitaire. Cette volonté pourrait donc être tuée par le lobbying de quelques organisations réactionnaires, dont le projet ne trouve aucune convergence avec celui que vous nous aviez promis de défendre ?

Nous voulons la généralisation des ABCD parce que ce dispositif est innovant. Il est salutaire. Et il a fait ses preuves sur le terrain. Il sera complémentaire des efforts à poursuivre sur la formation initiale et continue des enseignant-e-s et sur les programmes. Car pour changer d’échelle enfin, il faut des temps dédiés au sujet, des outils dédiés, un accompagnement des enseignant-e-s dédié, et un véritable portage politique ! C’est en articulant une action transversale – programme et formation des enseignants – et spécifique – dispositifs dédiés en classe – que l’égalité progressera.

M. Hollande, M. Valls, M. Hamon, Mme Vallaud-Belkacem, vous allez prochainement décider du sort qui sera réservé à ce dispositif de l’égalité. Nous comptons sur vous pour poursuivre la politique d’éducation à l’égalité, la déployer à l’ensemble du territoire, et l’inscrire dans la durée. Cette politique passe notamment par la généralisation des ABCD.

Collectif

Les premiers signataires de cette tribune sont : Osez le féminisme ! ; Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire et universitaire (regroupant FCPE, Fep-CFDT, Ferc-CGT, FSU, Sgen-CFDT, Sud éducation, UNEF, FIDL, UNL) ; Muriel Salle, maître de conférences en histoire contemporaine (Université Claude Bernard Lyon 1 – ESPE de Lyon), responsable de la mise en œuvre de l’ABCD de l’Egalité dans l’Académie du Rhône ; Françoise Vouillot, maître de conférences en psychologie de l’orientation, membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes ; et Catherine Vidal, neurobiologiste, directrice de recherche à l’institut Pasteur. Retrouvez l’intégralité des organisations et invidus signataires se trouve sur osezlefeminisme.fr