par intermedes

Comment efficacement se prémunir contre toute véritable innovation dans le domaine du travail social? Comment continuer « d’innover » uniquement dans le cadre des listes de priorités » par avance, définies au niveau national? Comment continuer d’expérimenter ce que l’on a déjà fait et refait? Comment se poser éternellement les mêmes questions: d’atteindre les publics les plus précaires, de lutter contre les non recours, de prendre en compte la France invisible (la sous-France, disait Insaf)

En bref comment continuer à ne jamais jamais rien changer que ce soit à l’école, dans le secteur social ou celui de l’éducation populaire tout en se donnant perpétuellement les mêmes objectifs d’innovation, d’expérimentation, de réforme, de « REFONDATION« ?

Comment REFONDER sans rien changer? A l’école, dans le social ou ailleurs?

Pour que les pédagogies nouvelles restent nouvelles encore longtemps alors qu’elle ont plus de 100 ans, pour que les expérimentations restent expérimentales encore très longtemps, il faut s’accrocher à un certain nombre de fonctionnements qu’on ne remettra jamais en cause, quoi qu’il arrive, voire même qu’on renforcera perpétuellement.

Le but de cette KroniK est de partir de notre expérience de petite association innovante pour détailler certains de ces mécanismes et montrer comment PRATIQUEMENT cela se passe.

Comme cela si un jour, par un miracle extraordinaire quelque chose pouvait changer, alors on saurait au moins par quoi commencer.

Leçon numéro 1: donner tout à ceux qui ont déjà (et qui n’ont pas besoin de plus)

Ca ressemble à un proverbe Shadock: « Donnez toujours aux mêmes, cela fera moins de mécontents » , mais c’est pourtant l’expérience véritable de toute association porteuse d’innovation:

– Aucune institution ou collectivité ne financera un projet si la structure qui le porte n’a pas déjà tous les moyens de son propre fonctionnement.

– Par ailleurs, aucune collectivité ou institution ne prendra sur elle d’être la première à financer le dit projet et exigera toujours d’intervenir « en complément ».

– certaines collectivités vont même jusqu’à inventer des règles comme: « la subvention octroyée sera versée contre remboursement sur factures déjà réglées »; comme cela toute structure qui a vraiment besoin d’argent, est sûre qu’elle n’en bénéficiera pas!

Certaines collectivités vont même jusqu’à exiger une facture acquitté du triple de la subvention octroyée… (Il faut avoir 3 fois plus d’argent d’avance si on veut toucher la subvention)

Ajoutez à cela que le plus souvent, aucune subvention ne vous sera versée avant les six premiers mois après le début de votre activité (comment vous faites, avant?)

Et nous passerons aussi sous silence les éléments bien connus qui font que chaque institution exige de financer chaque année, une action nouvelle et indépendante du coeur d’activité, avec un début et une fin et une comptabilité propre (alors que bien entendu aucune ne vous financera les services comptables nécessaires).

Il n’y a personne, bien entendu, non plus, pour financer les acteurs en plus de l’action.

Nous serions bien entendu dans le domaine de l’ultra connu si nous n’ajoutions pas ceci:

Alors que toutes les politiques publiques se sont données comme priorité de faciliter les demandes de subvention, de soutien, de les harmoniser, dématérialiser, globaliser et pluri annualiser… Le constat est sans appel: chaque année, c’est encore pire; toute institution réinventant spontanément les tracasseries abandonnées officiellement , par la génération spontanée de nouvelles séries d’exigences en interne.

Il y a donc très peu de chances pour que quoi que ce soit change, ou que des idées nouvelles puissent jaillir et faire école; disons que tout y est contraire, et que le grand mystère est qu’il y ait encore des actions innovantes et quelques personnes pour les porter. Pour expliquer ceci, nous avons notre expérience: il n’est pas possible d’arrêter quand on fait véritablement du social, quand on agit sur les questions vives de notre temps.

Il n’est pas question d’arrêter quand on trouve ensemble ensemble des moyens d’agir et de faire société, dans une société qui n’y parvient plus , de faire du social, quand le social se fait rare, de l’éducatif, quand on éduque de moins en moins.

Il n’est pas question d’arrêter car face aux impossibilités, empêchements et tracasseries, il, reste ce que Freinet avait identifié en son temps:

La pédagogie sociale est impossible, mais elle est inévitable parce que nécessaire.

La suite à un prochain épisode, sur ce même thème, « Comment REFONDER sans rien changer »: Leçon numéro 2: Donner toujours les responsabilités à ceux qui n’ont rien fait