Pour Albert Jacquard, l’éducation doit permettre aux enfants d’apprendre à vivre ensemble. Il reprochait à l’école de favoriser l’enseignement de la compétition : évaluations, tableaux d’honneur… Cela conditionne l’individu à percevoir la relation comme un affrontement avec un gagnant et un perdant, renforçant l’idée que le monde est régi par « la loi du plus fort ». Il résumait ainsi son idée : « Mieux vaut une réussite solidaire qu’un exploit solitaire ». Pour préparer les nouvelles générations aux défis qu’elles auront à relever, il est nécessaire de leur transmettre les compétences relationnelles, sociales et citoyennes qui leur permettront de coopérer pour relever ces défis.

Pour coopérer, deux personnes doivent réussir à se parler, à formuler leurs objectifs et s’entendre pour les faire converger vers un accord mutuel. C’est un processus complexe qui demande engagement, respect et confiance. Cette façon d’être et de faire permet une confrontation à l’autre dans des relations et des échanges non conflictuels car cet autre n’est pas perçu comme un concurrent mais comme un partenaire. Et il y a un intérêt à cette démarche : lorsque deux personnes se réunissent et agissent ensemble, elles sont capables d’accomplir des réalisations plus grandes et de relever des défis plus importants, impossibles à accomplir seul.

Les jeux coopératifs offrent aux joueurs un temps de rencontre et d’amusement. C’est un moyen pour eux de se découvrir dans leurs forces et leurs différences. Ceci se fait dans un cadre sécurisant, puisqu’il n’y a pas un vainqueur et des perdants ; tout le monde gagne ou perd ensemble. L’échec n’est pas négatif, au contraire, il est utile à l’apprentissage puisqu’il donne des informations qui permettront de surmonter collectivement l’obstacle. Ainsi, à travers les jeux proposés, les participants sont invités à adopter une attitude propice à l’action collective, en recherchant la complémentarité de leurs actions. Chacun fait l’expérience du bénéfice partagé à aider, à demander de l’aide et à prendre des décisions en commun pour réussir la tâche.

L’apprentissage de l’expression des émotions, de l’écoute, de l’empathie, de l’affirmation de soi, de la confiance en soi et en l’autre peut se faire avec des jeux coopératifs qui sont des supports pédagogiques privilégiés. On se mesure aux autres dans une confrontation saine où l’on ne perd pas la face, où l’on n’est pas dans une recherche de domination. Ces outils pédagogiques sont depuis longtemps utilisés pour ces qualités par des animateurs, éducateurs, formateurs, enseignants, parents… Ceux-ci nous le rappellent : on apprend plus facilement et plus agréablement par le jeu car il crée un contexte différent, où chacun peut être lui-même. Le but est avant tout de s’amuser, d’expérimenter et d’essayer.

A retrouver dans le NVA n°334