Nos institutions sociales, éducatives, ou d’éducation populaire, ne parviennent plus à entretenir chez leurs agents le minimum d’espoir requis, de croyance dans les moyens et les buts, pour faire fonctionner utilement les structures, ou pour encore faire société.

Partout nous rencontrons des agents démobilisés, découragés, ou, pire, devenus cyniques. Tandis que les enseignants ne veulent plus mettre leurs enfants dans les écoles où ils travaillent, les animateurs cherchent à fuir les quartiers où ils travaillent et où ils ont grandi. Pendant ce temps, les travailleurs sociaux s’enferment dans leurs bureaux, structures, règles, contrats, procédures et projets.

Partout nous rencontrons des professionnels qui nous disent « qu’ils n’y croient plus », qui disent que leur travail ne transforme en rien une réalité qui empire. Alors on compte les jours, on rêve de démission, de départs, de vacances au loin.

Le travail n’est plus vu que comme une obligation dont il faut protéger sa vie, surtout quand on travaille dans le social, l’éducation, ou l’animation.

Nous vivons ainsi un renversement incroyable : les secteurs d’activité traditionnellement les plus passionnants, ceux qui sont le plus proche de la vie, de l’enfance, de la rencontre, de la vie en société, … finissent par générer plus de fuites, de fatigue que la banque, l’informatique ou le commerce.

Reconnaissons ce mystère: de nombreux individus trouvent aujourd’hui plus d’espoir dans les secteurs les plus commerciaux et les plus individualistes de la société, tant nous les avons fait désespérer du social, de l’éducation et de la politique.

Comment trouver l’énergie et le courage d’affirmer qu’un tel pessimisme n’est pas naturel; qu’il n’est ni normal, ni spontané, ni dans la nature ou l’ordre des choses? Comment rappeler nos évidences d’enfant que la vie en société est la véritable aventure humaine? En un mot, comment rompre le charme, le philtre du … pessimisme social entretenu?

En reconnaissant peut être qu’il est créé et entretenu justement par les institutions et collectivités qui devraient nous donner espoir? Comment comprendre que l’innovation, l’initiative sociale soient justement découragées par les structures qui devaient l’encourager?

Parce que l’espoir éducatif, l’espace social, ne viennent plus d’en haut et parce que tout indique que cela ne changera pas , il nous appartient de ré-enchanter le social par le bas, en commençant par là où nous sommes, ici et maintenant, et en mettant en oeuvre la contagion de l’autonomie.

Rien ne donne plus espoir que de voir des acteurs sociaux, des habitants, des parents sortir du pessimisme ambiant et affirmer qu’ils peuvent agir, créer , sortir, occuper les espaces et fonder de nouvelles institutions.

Ces nouvelles initiatives ont ceci en commun qu’elles sont à la fois collectives, et personnelles, qu’elles visent à toucher le coeur des gens, comme le coeur des choses.

C’est à une véritable autonomie de création dans le secteur éducatif, social, et d’éducation populaire qu’il faut consacrer l’énergie aujourd’hui perdue. Cela suppose de propager une culture de la création, de l’organisation. Partout apprendre à recevoir pour redonner du sens à donner.

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