Les réactionnaires préfèrent toujours l’ordre à l’égalité. Chapelles et conservateurs se cachent derrière dieu, la nature, la civilisation, les traditions, l’ordre, la pureté de la race, l’excellence… pour justifier l’injustifiable : celui d’une société pétrie de dominations, d’exploitations et d’injustices. C’est comme ça. Ça a toujours été comme ça..

De l’inquisition au « printemps français », de Maurras à Dieudonné, il faudrait classer, dominer et hisser son clan au dessus des autres pour préserver ses privilèges et étendre l’injustice.

Nous, enseignant-e-s de l’éducation nationale et d’ailleurs, n’avons pas attendu que notre ministre nous adresse les « ABCD de l’égalité » pour tenter de faire de nos classes, à l’école , au collège ou au lycée, des lieux concrets d’expérimentations et de promotion de l’égalité : celle des sexes, des genres, des cultures.

Dans cette tâche, nous nous sommes souvent battu.e.s contre notre propre institution, contre notre propre hiérarchie, qui préfère ficher, classer, évaluer, et reproduire des inégalités sociales, exclure les enfants des catégories les plus dominées aux marges du système éducatif et/ou les parents au prétexte de signes vestimentaires « ostentatoires ». Les moins soumis.e.s d’entre-nous l’ont toujours refusé.

Nos principes : l’affirmation de la solidarité avec celles et ceux que l’école et la société veulent marginaliser et l’affirmation de l’émancipation humaine par la construction d’une égalité politique et sociale. Cette égalité est le point de départ nécessaire à l’exercice authentique de la liberté de tous et toutes. Notre rôle ne se cantonne pas à l’instruction, mais nous voulons éduquer pour émanciper.

L’égalité n’a pas besoin de leçons à recopier sur un tableau noir pour être ensuite apprises et ânonnées. L’égalité a besoin d’être vécue à l’école : elle est le cadre d’une communauté de vie et d’action. Les problèmes de vie collective et leur résolution, les contraintes du travail à plusieurs offrent des situations concrètes où l’échange, la coopération, le savoir servent à régler les violences et à choisir entre ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, entre ce qui est réel et ce qui est imaginaire, entre les stéréotypes et l’intelligence.

Les études de genre sont utiles pour comprendre les contraintes qui pèsent sur les individu.e.s, sur le cadre social et offrent des pistes pour combattre les aliénations. Rien ne justifie qu’un.e enfant ne puisse pas pratiquer certains jeux, certains sports, ou assouvir sa curiosité pour certains domaines du savoir ou des techniques sous prétexte qu’il y aurait la danse classique pour les unes et la mécanique agricole pour les autres. Aucun « ordre naturel » imaginaire ne nous fera avaler qu’il est normal pour une femme de gagner 20% de moins qu’un homme pour un même travail et d’accomplir 80% du travail domestique gratuitement en rentrant à la maison.

Nous prétendons que c’est par la mise en œuvre d’une pratique éducative armée par la critique sociale que nous faisons progresser les droits de toutes et tous.

Nous pouvons débattre de nos pratiques et confronter nos expériences mais nous combattrons celles et ceux qui entendent soumettre nos élèves sous prétexte de les « protéger ».
L’éducation n’est pas le domaine réservé de la famille.

L’enfant n’appartient ni à sa famille, ni à l’école, ni au système économique, ni à « dieu » mais à sa future liberté !

CNT éducation 38