En ces temps d’offensive réactionnaire et sexiste, nous voulions remettre à l’honneur le numéro 36 de la revue N’Autre école, justement intitulé “La pédagogie contre le sexisme”.

Vous pouvez le commander sur le site de la revue (en version papier ou Pdf) ou le consulter en ligne gratuitement.

édito :

Pourquoi un nouveau numéro sur le sexisme* ?

Les thèmes du genre, du sexisme et du féminisme fleurissent actuellement dans les débats publics (manuels de SVT, Femen, affaire DSK, développement des études « genre » dans le monde universitaire, 2013 année de l’égalité filles/garçons, etc.). Un renouveau du féminisme ? L’emballement médiatique et institutionnel pourrait le laisser penser.

Mais depuis quand N’Autre école se fait-elle le relais des débats médiatiques et des politiques publiques ?

Ces débats se limitent le plus souvent à des déclarations de principe ou d’intention comme il y en a des dizaines dans les circulaires ministérielles, les directives académiques ou les lois.

Pire, ces débats prennent parfois des tournures inquiétantes : la focalisation sur l’échec scolaire des garçons véhicule des présupposés essentialistes (les garçons auraient « naturellement » des besoins différents des filles, et seraient insuffisamment pris en compte dans une institution majoritairement investie par les femmes…) ; ou encore les confrontations autour du mariage pour tou-te-s qui voient le retour en force de positions hétérosexistes et profondément réactionnaires. Dans ce numéro, nous avons voulu montrer des pratiques et des outils du quotidien, des expériences menées dans et hors des classes… toutes permettant d’apprendre à penser hors des cases genrées et des stéréotypes. Voir aussi comment ces pratiques peuvent permettre de transformer les logiques inégalitaires du milieu scolaire, participer activement à l’émancipation des élèves et des personnels, sur le plan des identités sexuées comme du rapport à l’autorité et aux savoirs. Car comme tous les rapports de domination, le sexisme participe largement à la reproduction des hiérarchies, à la soumission aux normes dominantes, à un ordre social qu’il contribue à naturaliser. Si les filles ont statistiquement de meilleurs résultats scolaires, n’est-ce pas parce qu’elles ont tendance à mieux se conformer aux injonctions scolaires (être calmes, travailleuses, attentives, etc.) ? Qu’est-ce que ça nous dit des critères de réussite à l’école ? Est-ce vraiment ce type d’école que nous voulons ? Celle qui oblige des jeunes à rester calmement assis sur le banc, réceptacles passifs de savoirs « légitimes » ? Cette construction du rapport à l’autorité ne joue-t-elle pas justement un rôle crucial dans le fait que de nombreuses femmes restent victimes de violence, d’injustices, dans leur vie professionnelle comme personnelle, sociale, militante ? Impulsé par le travail de militantes féministes (notamment lors de week-end, organisés en non-mixité), sur les pratiques pédagogiques féministes et anti-sexistes, nous avons voulu faire de ce numéro une boîte à outils, à idées, un support de pratiques et de réflexions où chaque travailleur/euse de l’éducation pourrait venir puiser. □

Élise Requilé & Charlotte Artois, coordinatrices du numéro

* Le précédent date de l’été 2004 :« Filles et femmes à l’école… mauvais genre ? »

Note de la rédaction : la féminisation des textes a été laissée au choix des auteur-e-s, tout comme les marques de féminisation des mots.

Bonne lecture !