À l’occasion d’un petit tour sur le net, voilà que l’on tombe sur un blog tout neuf… et qui relate sous forme de dessins, le quotidien d’une maternelle parisienne. Alors voilà, on a demandé son animatrice de nous en dire plus et surtout on vous invite à aller lui rendre visite…
maclassepasclasse “vu, vécu et entendu par un professeur des écoles en maternelles”

Questions de classe(s) – Tout d’abord, peux-tu nous raconter un peu l’histoire de ce blog…

Classes pas classe – La rentrée scolaire 2013 fut particulièrement éprouvante : réforme des rythmes catastrophique, surtout pour les petites sections de maternelle ; vétusté de mon école ; difficultés inhérentes à toute rentrée avec des élèves de 3 ans faisant leurs tous premiers pas à l’école, dans une école classée ZEP de surcroit. Et, cerise sur le gâteau, arrivée d’un élève présentant une forme de handicap (non diagnostiquée à l’époque).

Je pratique le dessin au quotidien, en loisir, depuis quelques années. En septembre ce moyen d’expression est devenu, en partie, un exutoire : « ça va mieux en le disant ».

J’ai affiché mes dessins, pour la première fois, en salle des maîtres dans l’espoir d’exercer une certaine pression, de participer à mon échelle à l’accélération des choses (problèmes de sécurité, vétusté des locaux…). La salle des maîtres est un lieu visité par les professeurs mais aussi par la direction, les commissions de sécurité, les responsables des travaux, les animateurs et atsem… C’est apparu pour moi comme une manière de dire « tout ceci est anormal, nous le savons, et maintenant nous ne pouvons plus l’ignorer ».

Un mois plus tard, j’ai demandé les courriels des parents d’élèves délégués ainsi que ceux du personnel concerné de la mairie. On m’a fait comprendre qu’il serait peut-être préférable que les dessins ne franchissent pas la porte de la salle des maîtres.

En réaction, en octobre, j’ai lancé le blog… Si mes dessins ne pouvaient pas aider, plus que ça, mon école à changer, ils serviraient peut-être à d’autres…

Une partie de mes collègues d’école connaît l’existence de ce blog, je continue par ailleurs à afficher certains dessins en salle des maîtres.

Q2C – Au fil des chroniques, on sent une grande attention au social dans les pratiques pédagogiques, la “classe pas classe”, ce n’est pas seulement une affaire d’espace, de murs ou de matériel mais aussi de vécu, de précarité. Pourquoi cette dimension est-elle si essentielle dans la démarche pédagogique ? Comment se traduit-elle aussi dans les pratiques en classe ?

Classes pas classe – Il est évident, que l’on n’enseigne pas de la même manière à des élèves qui n’ont jamais vu de livre à la maison, entendu de français chez eux ou dorment dans des conditions difficiles…
Il existe un fossé entre l’exigence de l’institution et la réalité sociale des élèves. Ce fossé est d’autant plus difficile à dépasser que la structure de l’institution ne facilite rien et que les moyens sont dérisoires…Cette question du sociale se pose partout, dans le 16ème arrondissement également. La difficulté réside aussi dans la distance entre le vécu social des élèves et le mien. La méconnaissance de ce vécu se heurte à mes conceptions et par conséquent à ce que j’attends d’eux d’un point de vue scolaire. Enfin la précarité dans laquelle vit une partie de nos élèves, est difficilement imaginable pour moi, mais encore plus pour une partie de mes proches qui ne sont pas amenés à la côtoyer.

Q2C – On trouve un billet qui illustre les réalités des rythmes scolaires, comment ça se passe dans votre école ?

Classes pas classe – La réforme des rythmes scolaires a crée et crée encore de nombreux problèmes dans mon école : organisation chaotique, incohérence des informations données aux parents, apparition de nombreux différends entre les membres de la communauté éducative, fatigue des élèves, multiplication des adultes référents et partage des locaux causant une perte de repères pour les enfants, animateurs peu voire pas formés, insuffisance de matériel…bref de nombreux dessins à venir…