Je ne suis pas une grande activiste mais je suis sur la liste de diffusion de la Permanence du collectif d’associations Adjie (1). L’autre jour, parmi tant d’autres qui racontent des histoires similaires, j’y ai lu un mail que j’avais envie de vous faire partager. Le voici :

« [ …] aujourd’hui, j’accompagnais Kalilou à l’ASE pour en savoir un peu plus sur son transfert à Grenoble (OPP du 15 octobre), délais ? en attendant, que se passe t-il pour lui ? bref, des questions que se pose le jeune et que je traduis pour lui car il avait du mal à parler…
 Il faut dire que Kalilou est au DMA (2) depuis bientôt 11 mois, on ne lui donne pas de tickets pour aller à l’école, l’ambiance est détestable et il craque, plusieurs fois il avait les larmes aux yeux.
Après quelques échanges, d’un seul coup d’un seul ,J.M. (3) s’est mis en colère, s’est levé, m’a poussé vers la sortie en hurlant: “il est interdit d’aller à l’école au delà de 16 ans; je vous demande de sortir, vous n’êtes pas la bienvenue”; sa collègue a rajouté, “vous nous empêchez de travailler”
Voilà, entre autres un sujet à aborder demain lors de la conférence à la Maison des métallos; la scolarisation; la preuve que tout est fait pour empêcher les jeunes d’aller à l’école 
bien sûr qu’on y sera demain et on aura des choses à dire en tant que témoins, de ces jeunes qui ne demandent pas la lune mais un peu de considérations (arrêter de les balader, de leur mettre la pression, de les jeter à la rue, sans coup férir, du jour au lendemain).
Voilà […] et on appelle çà l’aide sociale à l’enfance………..
Danielle G. »

Le lendemain, à l’occasion de la Journée des Solidarités à la Maison des Métallos, il y avait un débat en présence de Jacques Daguenet, adjoint au maire du 11ème chargé de la Solidarité et de la Lutte contre l’exclusion, de Pierre Henry, Directeur Général de France Terre d’Asile, et de Laure de La Bretèche, directrice de l’Aide Sociale à l’Enfance, entre autres prestigieux invités. Une professeure de Classe d’Accueil a souligné la difficulté dans laquelle elle se trouvait du fait de la non attribution d’éducateur référent à des élèves mineurs étrangers isolés pris en charge par L’ASE ainsi que pour des jeunes de sa classe que l’ASE refuse de prendre en charge, sous des prétextes fallacieux. Un jeune a interpellé la directrice de l’ASE en lui demandant si c’était un crime d’aller à l’école. Ils n’ont pas reçu de réponse. Le jeune nous a ensuite expliqué que depuis qu’il avait été scolarisé (grâce à l’Adjie, l’ASE ne proposant aux jeunes, dans les meilleurs des cas, que des formations non qualifiantes) l’ASE ne lui fournissait plus de tickets de métro et qu’on lui faisait sentir qu’il serait mis à la rue à la première occasion.

Ces jeune sont des personnes sans défense à plusieurs titres : ce sont des adolescents, ils sont étrangers, ils sont seuls. D’où la façon dont on se permet de les traiter. On nous dit qu’ils coûtent cher à la France, 50 000 euros par an. Qui empoche cet argent ? Certainement pas eux, en tout cas, qui se promènent dans le froid en petits sweat-shirt, qui dorment dans des foyers ouverts à tous les vents, qui passent des journées entières sans manger et qui arrivent à l’école en retard parce qu’ils ont été pris par des contrôleurs…

So

(1) Adjie : Accompagnement et Défense des Jeunes Isolés Étrangers : permanence d’accueil à l’initiative de plusieurs associations dans le but de venir en aide aux mineurs et jeunes isolés étrangers qui rencontrent des difficultés pour entrer dans le dispositif de protection ou pendant leur prise en charge par l’ASE.
(2) Le DMA Stendhal est un « foyer » où les jeunes mineurs sont mis à l’abri pour des temps censés très courts mais où, en fait ils passent de nombreux mois, parfois plus d’un an dans des conditions d’hygiène et de sécurité innommables (fenêtres cassées, saleté, abandon, promiscuité…).
(3) un responsable pour l’ASE du pôle Mineurs Isolés Étrangers.