Pour la fédération SUD éducation, l’ouverture de ces chantiers sur la transformation des métiers de l’éducation est source de fortes inquiétudes dans le contexte actuel de démantèlement des statuts et de destruction des droits des salarié-e-s – Pour SUD éducation, des évolutions de nos métiers sont nécessaires, mais ce constat ne doit pas être le cheval de Troie de la remise en cause des garanties statutaires – Nous le disons sans ambiguïté : SUD éducation refusera et combattra toute régression, tout en portant des revendications exigeantes pour l’évolution de nos métiers et conditions de travail.


Ouverture sur fond de contentieux

L’ouverture de ces chantiers sur les métiers se fait dans un contexte de conflit en cours entre le ministère et une partie importante des personnels, au sujet de la réforme des rythmes scolaires, qui est aussi l’occasion de remettre en cause les droits et garanties des professeur-e-s des écoles. Malgré des mobilisations importantes, le ministre refuse d’entendre que sa réforme des rythmes scolaires est inacceptable, qu’elle n’apporte pas les améliorations attendues pour les élèves, qu’elle sape le service public d’éducation, et qu’elle dé-grade les conditions de travail des personnels. Pour mettre en œuvre sa réforme des rythmes, le ministère veut « assouplir » les obligations hebdomadaires des professeur-e-s des écoles remplaçant-e-s et en poste fractionné pour qu’ils et elles puissent faire plus de 24 heures de classe certaines semaines, avec rattrapage selon un calendrier défini par le DASEN. C’est un début d’annualisation, à coup sûr une flexibilisation du temps de travail des PE. Nous nous y opposons avec la plus grande détermination. Toujours dans le cadre de cette réforme des rythmes, le ministère veut imposer que les ½ jour-nées d’information syndicale aient lieu le mercredi après-midi sur les 48 heures forfaitaires… Ainsi, comme les gouvernements précédents, le ministère ne permettrait pas que les collègues se réunissent sur le temps devant élèves mais, en plus, il ne permettrait plus que celles-ci se tiennent pendant les animations pédagogiques comme cela était l’usage depuis 2008 ! Nous combattons ce projet. Monsieur le ministre, au lieu d’envoyer des signaux de mépris à celles et ceux qui se mobilisent et qui proposent des alternatives, vous devez revenir sur cette réforme. L’ensemble des travaux sur les métiers est aujourd’hui marqué par ce conflit.

Un contexte budgétaire d’austérité

Le budget en cours d’adoption entérine 15 milliards de coupes budgétaires : 6 pour la sécurité sociale, 3 pour les services publics. Cette politique budgétaire rend impossible la satisfaction des revendications urgentes sur l’augmentation des salaires, la réduction du temps de travail, la diminution du nombre d’élèves par classe et le développement d’une politique d’éducation prioritaire à la hauteur des besoins : il ne peut y avoir aucune vraie priorité à l’éducation sous régime d’austérité généralisée.

Nous combattrons toute régression

Nous refuserons que la définition hebdomadaire des maxima de service soit remise en cause, nous combattrons toute annualisation ou flexibilisation ; nous refuserons la généralisation des postes à profil et du recrutement local ; nous refuserons tout renforcement de la hiérarchie ; nous refuserons toute polyvalence forcée en collège, toute mobilité imposée inter-degrés, toute rémunération au mérite et toute augmentation des écarts salariaux ; nous refuserons toute attaque sur les droits syndicaux.

Nous avons des revendications

Les nécessaires transformations de nos métiers doivent s’inscrire dans une transformation globale de l’école, et ne sont pas indépendantes des évolutions sociales générales. Notre première exigence est de mettre fin à la précarité, par la titularisation sans condition de concours ni de nationalité de tou-te-s les précaires et l’arrêt du recrutement de précaires. SUD éducation revendique pour tou-te-s des augmentations uniformes des salaires, la diminution du temps de travail, l’amélioration des conditions de travail et la compensation des tâches supplémentaires et de la pénibilité par des réductions des services. Dans le cadre de ce refus de toute régression et de nos revendications en matière d’évolution de nos métiers, nous aurons des exigences que nous exprimerons dans les différents groupes de travail.

Une philosophie générale qui ne répond pas aux attentes des personnels


Des manques essentiels

Les premiers documents de travail ministériels sur l’évolution des métiers sont caractérisés par des manques essentiels, que nous avions déjà dénoncés dans la loi d’orientation et de programmation.

Des annonces dont nous aimerions pouvoir nous réjouir…

Sur l’étendue du dispositif, les annonces ministérielles de resserrement des moyens supplémentaires sur quelques établissements jugés les plus prioritaires sont inquiétantes. La logique consistant à donner plus à ceux et celles qui en ont le plus besoin ne peut justifier la réduction comptable du nombre d’élèves qui bénéficieront de conditions prioritaires. Là encore, on constate que la politique éducative du gouvernement s’inscrit dans la contrainte d’un budget d’austérité incompatible avec le développement du service public. Et pour dégager quelques moyens, limités, pour l’éducation prioritaire, le ministère cherche à gratter quelques heures en remettant en cause une partie des décharges horaires des enseignant-e-s des Classe Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE) et en BTS. À eux aussi, s’applique la suppression des minorations de service pour effectifs pléthoriques. Mais s’ajoute pour les CPGE la suppression de l’heure de chaire. En effet, le ministère entend remplacer l’heure de chaire (réduction de service d’une heure aujourd’hui accordée aux enseignant-e-s qui effectuent une partie importante de leur service avec des classes à examen) par un système de pondération. Pour les enseignant-e-s du second degré, la pondération à 1,1 compense relativement bien la suppression de l’heure de chaire, même si le plafonnement de la réduction de service à une heure est contradictoire avec le principe de la pondération… Mais pour les enseignant-e-s de CPGE, la pondération actuelle est maintenue à 1,5 ; la suppression de l’heure de chaire revient donc directement ici à une augmentation d’une heure du service dû. Avec les augmentations des services liées à la suppression des conditions d’effectifs, c’est pour beaucoup d’enseignant-e-s une augmentation du temps de travail de plusieurs heures qui se profile. Nous refuserons qu’on dégrade les conditions de vie et de travail de certains personnels, même au nom d’objectifs que nous partageons. Par ailleurs, ces mesquineries ne sont pas rassurantes non plus sur l’étendue du dispositif d’éducation prioritaire : combien d’heures le ministère espère-t-il ainsi récupérer sur le dos des CPGE ? Pense-t-il réellement que cela permettra de pourvoir à l’ensemble des besoins prioritaires ? De plus, les conditions d’exercice dans l’enseignement professionnel mériteraient certaine-ment aussi des allégements de service.

Des régressions à combattre !


Pour SUD éducation, les projets ministériels ne sont pas acceptables : ils ne répondent pas aux besoins de l’école et des personnels. Le service public d’éducation doit être radicalement transformé. Les droits des personnels, leurs conditions de vie et de travail doivent être profondément améliorés. Pour imposer ces changements nécessaires, nous ne pourrons compter que sur nos mobilisations. Construisons les luttes pour une école égalitaire, émancipatrice, démocratique. Mobilisons-nous :
  • pour la réduction du nombre d’élèves par classe et la définition de plafonds nationaux,
  • pour l’augmentation du nombre de postes aux concours et la titularisation de tous les personnels précaires,
  • pour la réduction du temps de travail dans le cadre de maxima de service hebdomadaires diminués, contre toute annualisation,
  • pour la compensation de la pénibilité et des tâches supplémentaires par des diminutions des services,
  • pour des augmentations générales des salaires,
  • pour le rétablissement des droits syndicaux, du droit de grève et pour l’abrogation du service minimum.
Aucune « priorité à l’éducation » n’est possible dans un contexte d’austérité budgétaire. Il faut changer les rapports de force pour une autre école, une autre société.

Documents joints

4 pages fédération SUDéducation GT chantiers métiers