L’école numérique constitue l’un des grands objectifs participant de la refondation de l’école annoncée par Vincent Peillon. Il est possible néanmoins en tant qu’enseignant de s’interroger sur quelques points concernant cet objectif.

Quelques éléments en faveur d’une école numérique.

Il est possible de manière générale de comprendre l’intérêt de faire entrer l’école dans l’ère du numérique.

Que nous le désirions ou non, les élèves ont une pratique des outils numériques qu’ils utilisent pour essayer en particulier de traiter les devoirs à la maison. Dans la suite de leurs études, ils seront conduits à devoir apprendre à utiliser de manière pertinente les contenus existant sur Internet.

Il me semble intéressant dès lors d’utiliser ces outils :

a) pour enseigner aux élèves comment se former à leur utilisation non seulement sur le plan technique, mais également leur apprendre à développer leur esprit critique en leur montrant comment discriminer les sources en fonction de leur fiabilité.

b) pour les orienter sur les contenus les plus pertinents à leur disposition : sites Internet, textes numérisés, iconographie, vidéos….

c) pour leur fournir nous même des contenus complémentaires à nos propres cours.

En particulier, je vois dans l’outil informatique plusieurs avantages à ce niveau :

– La limitation des photocopies : la mise en ligne de documents accessibles aux élèves permet en particulier d’essayer de tenir compte de deux impératifs : a) éviter l’inflation de photocopies qui ont un coût pour l’établissement et donc la communauté publique b) d’être en adéquation avec les recommandations en terme de développement durable.

– Fournir aux élèves d’autres contenus pédagogiques que des cours, tels que par exemple des liens vers des documentaires.

– Permettre une pédagogie différenciée :

Il est ainsi possible de se concentrer sur les acquisitions de base en présentiel pour les élèves les plus faibles.

Il devient possible en outre par les contenus complémentaires mis en ligne de renforcer l’aide méthodologique fournis aux élèves, en particulier les plus en difficultés.

Enfin, pour les élèves qui souhaitent aller plus loin que ce qui a été vu en cours, on peut mettre en ligne des documents complémentaires ou des supports de cours plus approfondis.

Quelques doutes…

a) Est-ce que l’avenir de l’école numérique, comme au Mexique (voir article Manière de voir, n°131), ne peut pas conduire sous l’effet de restrictions budgétaires, a remplacer des cours présentiels par des vidéos ou du e-learning ?

b) Est-ce que l’école numérique ne comporte pas une tentation qui est de penser que les prothèses technologiques pourraient réduire l’échec scolaire des élèves au détriment du travail sur d’autres facteurs sociaux et pédagogiques ? En effet, par exemple la possibilité d’accéder à davantage d’exercices et de sources d’information n’est utile qu’à ceux qui ont déjà des méthodes de travail et qui sont capables d’utiliser seuls ces connaissances.

c) L’autre difficulté que montre par exemple le cas des Etats-Unis, c’est le problème de la fracture numérique entre classes sociales qui creuse les inégalités scolaires : plus on utilise les nouvelles technologies, plus on est dépendant également des capacités économiques des familles à être équipées dans ces technologies.

d) En outre, l’équipement en nouvelle technologie représente également des marchés (avec des intérêts économiques qui ne sont pas nécessairement ceux des apprentissages des élèves).

e) L’évolution rapide de ces nouvelles technologie nécessite des capacités d’adaptation rapide pour l’institution scolaire, mais aussi comporte le risque de s’équiper de gadgets coûteux à l’utilité et à la durée de vie très limitée.

Un dernier doute…

En tant qu’enseignante depuis le début, j’essaie de me servir au mieux d’un ensemble d’outils technologiques (cahier de texte électronique, ENT, blog en ligne…). J’ai pu constater que l’une des principales difficultés de l’usage de ces technologies, outre la fracture numérique, réside dans de nombreuses défaillances de ces systèmes informatiques, qui ne peuvent se substituer aux documents de base fournis par l’enseignant et ne peuvent constituer tout au plus que des compléments d’enseignement.