Le ministre de l’Éducation nationale dévoile lundi 9 septembre la Charte de la laïcité qui sera affichée dans toutes les écoles de la maternelle au lycée.

De bonnes intentions…

Infatigable, Vincent Peillon répète dans ses discours, ses entretiens que l’école ne sert pas qu’à instruire, mais aussi à transmettre les valeurs de la République. Cette Charte appuiera l’enseignement de la morale laïque qui vise selon lui « une construction du citoyen avec certes une connaissance des règles de la société, de droit, du fonctionnement de la démocratie, mais aussi toutes les questions que l’on se pose sur le sens de l’existence humaine, sur le rapport à soi, aux autres, à ce qui fait une vie heureuse ou une vie bonne ». Il ajoute que « si ces questions ne sont pas posées, réfléchies, enseignées à l’école, elles le sont ailleurs par les marchands et par les intégristes de toutes sortes ».
Il est vrai que l’école publique reste encore le seul espace commun à tous les enfants, elle a donc la responsabilité de se nourrir et de faire vivre des valeurs différentes de celles transmises par le libéralisme qui envahissent les émissions télévisées, la publicité, les jeux vidéos…

… mais c’est insuffisant !

À partir de l’article 1 de la Constitution qui stipule que la République est laïque et donc que l’École est laïque, la Charte décline quinze courts articles pour présenter les principes de la laïcité à l’École.
Je m’arrêterai sur un des articles.
Dans le document de travail qui a circulé cet été, l’un d’eux affirme que la laïcité « implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations », mais l’École publique est bien mal placée pour donner des leçons, elle qui transforme les inégalités sociales en inégalités scolaires :
– n’est-elle pas violente avec ses pressions de performance, ses évaluations et ses orientations forcées ?
– n’est-elle pas stigmatisante avec les enfants en difficulté ?
– n’est-elle pas discriminante avec le gouffre qui sépare les écoles de la périphérie de celles du centre-ville ?
– n’est-elle pas excluante quand elle laisse à sa porte tant de jeunes sans formation ?
L’École aujourd’hui renforce le sentiment d’injustice, d’inégalité et d’exclusion.
L’intégration de tous les enfants ne se décrète pas !
La charte de la laïcité affichée comme les valeurs de la République énoncées restent toujours éloignées de la vie d’un grand nombre d’enfants et de jeunes qui arrivent à l’école préoccupés, voire ensevelis par la précarité et les injustices qu’ils vivent avec leur famille. La distance entre les mots et les faits est d’autant plus criante !
Plus qu’une Charte de la laïcité qui risque d’être inutile, c’est une volonté politique dans et hors l’école qui permettra à tous les enfants, à tous les jeunes de vivre et d’apprendre ensemble, de rêver le monde et de le construire en société.

[/Le 8 septembre 201/]