Lu sur le site Les Nouvelles news Ce texte a remporté le Prix Collège du concours sur les stéréotypes sexistes organisé par Causette et Les Nouvelles NEWS, avec le ministère des Droits des femmes, dans le cadre de la 24ème Semaine de la presse et des médias dans l’école organisée par le Clemi.

Au début, quand notre prof nous a parlé de l’inégalité des sexes dans les manuels scolaires, nous, on n’a pas bien compris. C’est quand on les a regardés de plus près, nos bouquins, qu’on a commencé à mieux voir le problème. Voilà les faits les plus choquants (1) :

Dans le manuel de français, on dénombre 87% d’écrivains, contre 13% d’écrivaines. Par exemple, le chapitre sur la nouvelle fantastique ne cite que des auteurs masculins, alors qu’après une rapide recherche internet, on a trouvé 2 pages d’auteurEs (Mary Shelley en tête).

En maths, les scientifiques représentés sont toujours des hommes ; les photos montrent des garçons jouant au foot, ou des filles en tutu. Dans les exercices, on croise un professeur, un coureur cycliste, un automobiliste…

En géographie, les 3 chapitres étudiés comportent 15 articles de spécialistes ou journalistes écrits par des hommes, 4 seulement par des femmes.

En physique-chimie, la majorité des images représentent des hommes dans des professions valorisantes (chercheurs, chirurgiens), alors que les femmes sont représentées dans la sphère domestique (repasseuses…)

Dans le manuel d’éducation civique, les professions évoquant un pouvoir ou une autorité (policier, juges…) sont majoritairement représentées par des hommes.

Nous, les filles, on a trouvé ça désagréable, humiliant, révoltant…

Certes, dans la réalité, il y a plus de puéricultrices que de puériculteurs, plus de policiers que de policières, mais comment sortir de ces inégalités professionnelles, si les manuels avec lesquels nous travaillons chaque jour nous disent que c’est comme ça et pas autrement ? Comment sortir de ces clichés, si on nous montre les femmes comme des victimes potentielles qui font de la danse, et les hommes comme des protecteurs qui jouent au foot ?

On aimerait trouver dans nos manuels de quoi ouvrir nos horizons : des femmes juges, footballeuses ou scientifiques, et des hommes danseurs-étoile, pères au foyer, secrétaires…Est-ce trop compliqué pour les auteur-e-s ? Pas sûr, puisqu’on a trouvé un manuel parfaitement égalitaire : celui de SVT. Tous les adjectifs y sont mis au masculin et au féminin, les métiers présentés sont envisagés pour les garçons comme pour les filles…Si les autres manuels ne font pas cette démarche, c’est que l’égalité des sexes ne fait pas partie de leurs préoccupations. On va donc leur envoyer cet article pour les faire réagir, et quelques suggestions, qu’on vous joint aussi, pour rétablir l’équilibre (2).

Mais en attendant de nouveaux livres sans stéréotypes, on a décidé d’agir. Déjà, chaque fois qu’on croisera dans un manuel une image ou un texte sexiste, on le signalera, histoire de garder les consciences éveillées. Ensuite, on reformulera les énoncés : le cycliste de l’exercice de math deviendra une cycliste. Et si on lit des articles de spécialistes à voix haute, on ne mentionnera pas le prénom de l’auteur-e. Des gouttes d’eau dans la mer ? Nous, on préfère voir ça comme des pavés dans la mare.

Ecrit par les collégiens de la 4ème 4 du Collège Les Bruneaux à Firminy (42), sous la direction de Laurence Morison, professeure de français. Sarah ABDERRAHMAN , David ALBUQUERQUE , Ebru AY, Romain BLACHON, Mervé BUYUKER, Dimitri CHAMBERT, Nathanaël CORDET, Saïd DJEMAÏ, Apdil DOGAN, Eloïse GUILLOT, Irem GUNDUZ, Tom LEGROS, Zaïda MEKHALFA, Camille MOUNIER, Celestina MPASI NSENGA, Gloria NOUBAHORNOM, Chamsa OTSMANE, Thibaut PERRET, Julie PEYRARD, Salma ROUICHI, Maëlys ROUVEYROL, Sarah SARI, Kévin VESQUE.

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1/ L’intégralité et les détails de cette enquête sont disponibles sur http://enquetedes4e4.unblog.fr

2/ Par exemple, ce problème de maths :

Dans un salon de soins esthétiques, on propose plusieurs formules d’épilation :

– aisselles : 15 €

– maillot : 25 €

– sourcils : 7 €

– jambes : 30 €

Mr Lepabo et son fils viennent pour deux épilations des sourcils et du maillot. Combien vont-ils payer ?

Sachant que sur cette somme, 35% reviennent à l’esthéticien, 15% à l’homme de ménage chargé de balayer les poils, et 50% à la patronne de l’établissement, combien gagne chaque membre du salon ?