Petit compte rendu (avec de nombreuses photos) sur le site de Pierre-Emmanuel WECK (http://weck.info), de la soirée “démocratique” organisée par la Mairie de Paris sur les rythmes scolaires :
http://www.weck.info/2013/02/26/36890/
La soirée allait-elle être aussi tendue que la précédente rencontre où la salle avait été choisie pour sa petite taille et remplie de militants locaux du PS afin de laisser les instits dehors ? Cette fois la salle était vaste et fut remplie entièrement par plus de 800 personnes. Il y avait bien le carré du fan-club âgé du mairie de Paris, mais ils étaient noyés dans la masse.
Le maire commerce un de ces discours dont il a le secret, plein de bons sentiments, d’idées vagues, d’incantations, de démagogie… « pour le bien des enfants de Paris ».
Puis la salle prend le micro, et là tout bascule. Le discours du maire est progressivement déconstruit. Les contradictions, les manquements à la parole donnée, le double discours entre les rencontres de travail et les réunions publiques, dont les propositions sont apprises dans la presse…
Alors au bout de deux interventions des syndicats le monsieur Loyal de la soirée annonce qu” »on a suffisamment entendu les syndicats, vous vous êtes suffisamment exprimé » espérant entendre des voix discordantes, mais rien n’y fait. Les prises de parole suivantes, instits, parents, syndicats vont toutes dans le même sens, cette réforme ne concerne pas les enfants, mais le désengagement de l’État dans l’éducation.
Si l’on en reste au premier degré du discours des élus, on est sidéré de leur méconnaissance du sujet, jamais de détails précis, d’exemples concrets, justes des bons sentiments, de grandes phrases qui se veulent lyrique, mais tombent bien vite à plat, noyée dans leur propre démagogie…
Sur la forme, si le maire est fortement agacé lorsque la salle réagit bruyamment à certaines de ses affirmations, lui ne s’empêche pas de couper la parole d’un intervenant afin de tenter de briser l’élan de sa réflexion. Les temps de parole sont toujours plus longs pour les intervenants à la tribune que dans la salle à qui le micro est même parfois coupé brutalement… Pour combler le manque d’argument, mais néanmoins utiliser son temps de parole, les intervenants de la tribune glissent parfois des anecdotes personnelles croyant pouvoir ainsi créer une fausse complicité avec la salle.
Il ressort de tout cela une grande confusion sur les objectifs et les motivations de la réforme, les rôles de la Ville et de l’État. Tout cela reste dans le domaine de l’incantation, de la croyance religieuse…
Il faudra plusieurs interventions de la salle pour le maire de Paris cesse ses injonctions de toute puissance envers le recteur comme s’il en était le ministre de tutelle.
Même tactiquement, le maire de Paris semble complètement dépassé quand il finit par lâcher que si l’application de la réforme est reportée en 2014, comme il en avait fait lui même la proposition, cela tuerait la réforme… se fermant ainsi une porte de sortie honorable sur le dos du ministre de l’Éducation. Il est des suicides en politiques qui sont toujours étonnants, la force de l’inconscient…
Et la salle de rebondir sur le fait qu’il n’en point besoin de réforme pour améliorer les choses, la précarité des vacataires du périscolaire, la baisse constante des subventions et autres aides envers les publics en difficulté, les fermetures de classes, les non-renouvellements de poste…
Et c’est bien la lutte des instits aujourd’hui qui permet de débloquer ces situations en souffrance depuis des années. C’est donc bien sous la pression que les choses s’améliorent et pas avec la confiance aveugle que réclame le maire envers sa personne.
Une vieille dame, bon chic bon genre, prend la parole pour soutenir le maire. Elle rappelle qu’elle a fait 68, ce qu’atteste ses bracelets en or et ses boucles d’oreille en nacre. Sous les sifflets, elle menace de passer à l’UMP sans même se rendre compte qu’elle y est déjà.
Fatigué, le Monsieur Loyal annonce que l’on va prendre encore trois intervenants –la salle hurle– arrangez-vous entre vous !!!!
La soirée touche à sa fin, une dernière intervention d’un instit en CLIS (classe pour l’inclusion scolaire) qui explique la diminution des moyens comme ceux de pouvoir emmener les enfants en voyage et la réponse du maire du 10ème arrondissement « mais vous avez pu partir pendant 10 ans » comme s’il partait pour lui.
Le maire reprend le micro pour conclure, le bruit de la salle commence à lui taper sur les nerfs, il est agacé. Le service d’ordre se ressert près de lui. Il n’a bougé pas d’un iota, il refait son argumentaire d’introduction qui a pourtant été battue en brèche durant toute la soirée, n’essaie même pas de temporiser avec une phrase du genre « je vais réfléchir », non, sa croyance et faite, il réaffirme sa pensée magique.
Sentant définitivement la salle lui échapper, il tente le tout pour le tout, revenant sur l’intervention de l’instit en CLIS (en confondants enfants malades et handicapés), il déclare qu’il n’était pas au courant, et annonce solennellement qu’il va personnellement s’occuper de ce cas-là. La salle explose, trop de démagogie et si c’était les w.c. qui étaient bouchés depuis 6 mois, il viendrait personnellement les déboucher ?
Il fait du Sarkozy… mais en moins bon.
S’agrippant au micro tout en haussant encore le ton, il lance son dernier argument, « vous n’êtes pas la société parisienne » et s’enfonce dans la confusion mentale qui avait commencé à poindre en mélangeant sa propre personne et Paris. On sent même la haine monter, perfidement, il clame qu’il fut toujours du côté de la justice, chose qui n’a pas toujours été le cas à Paris (du temps de ses prédécesseurs) renvoyant ainsi les instits dans le camp d’en face, si vous n’êtes pas avec moi c’est que vous êtes de droite…
Non, ce soir, si on n’est pas avec le maire de Paris et l’appareil d’État, c’est qu’on est de gauche et du côté des enfants.