[*Coup*] de poing / Coup de cœur !
Au dos du livre, on peut lire « les événements subis dans la petite enfance forgent la suite, entraînent révolte et refus… » C’est possible, à condition aussi de rester fidèle à cette enfance et à ses blessures. Tit’Soso a sans nul doute conservé la rage et la colère née de cette période décisive. Bien des années après… Elle nous livre, avec Pas normale, un récit incisif – moins d’une cinquantaine de pages – comme un coup de poing qui met le lecteur KO debout. Au fil des chapitres (« Repas », « Ma sœur », « Silence », « Mon père », « Logement », etc.), par petites touches et petites « saloperies » du quotidien, s’esquisse une vie de révolte qui s’enracine dans des scènes terribles, retranscrites ici dans toute leur crudité et leur violence. Un exemple au chapitre « Parents » : « Quand on est petit on aime ses parents, non ? Ça semble assez naturel. Pourtant j’ai beaucoup détesté ma mère, du moins quand j’ai été un peu plus grande ; elle représentait le gardien des normes et valeurs, j’étais en confrontation directe avec elle. Elle voulait me dominer, elle m’observait.
– T’es pas normale !
Elle voulait me dompter. Je la haïssais. Mon père n’intervenait pas, lui laissant les soins ménagers, dont les enfants faisaient partie. Elle avait donc en charge les soins matériels et “spirituels?”. »
L’enfance tisse la trame de ce pamphlet, mais, à travers les aller-retours avec d’autres moments de la vie de l’auteure, s’éclaire rétrospectivement un parcours de vie – et d’engagements – qui lui aussi ne peut laisser indifférent.
Le tout est porté par une mise en page soignée (peut-être un indice pour savoir qui est « Tit’Soso ») et les émouvantes illustrations de Laurence Biberfeld.
Tit’Soso, Laurence Biberfeld (ill.), Pas normale, éd. libertaires (Féminisme, Antipatriarcat, Etc.), 2017, 45p., 8 €.
