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Viva l’anarchie ! La rencontre de Makhno et Durruti, Bruno Loth

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Makhno, Durruti, leurs compagnes et compagnons de lutte, – Galina Kouzmenko, Berthe Faber, Louis Lecoin, Francisco Ascaso -, …, se retrouvent après un meeting qui fête la libération de trois anarchistes espagnols le 14 juillet 1927 (Buenaventura Durruti, Francisco Ascaso et Gregorio Jover). Ils préparaient un attentat contre le roi d’Espagne.

Bruno Loth se saisit de ce moment pour raconter l’anarchisme en acte de Durruti et Makhno, leur engagement politique, leurs parcours, leurs luttes. Pour Durruti, les grèves, la répression sanglante, l’illégalisme ; pour Makhno l’ukrainien, la révolte, le bagne, puis après 1917, l’auto-organisation des paysans, la lutte contre les Blancs (les tsaristes) d’une part et contre les Rouges (les Bolchéviks) d’autre part qui trahissent la révolution… L’auteur retrace principalement l’histoire des communes libres d’Ukraine d’inspiration anarchiste puis la Makhnovchtchina, l’insurrection armée dirigée par Makhno qui combattit de 1918 à 1921 durant la guerre civile russe. L’auteur documente ainsi un récit traversé par les deux parcours principaux et permet aux anars présents autour d’un verre de confronter des points de vue : pacifisme (Lecoin), violence politique, expropriation, autogestion et de partager leurs idéaux communistes libertaires.

[**Entretien avec Bruno Loth, scénariste et dessinateur de la BD Viva l’anarchie ! La rencontre de Makhno et Durruti*]

viva1.jpgDans Viva l’anarchie !, tu racontes en deux volumes la rencontre entre Makhno, anarchiste ukrainien, Durruti, anarcho-syndicaliste espagnol et Louis Lecoin, pacifiste libertaire français. Peux-tu nous en dire plus sur tes motivations. Une volonté de vulgarisation des idées anarchistes ?

L’anarchie est un mot tellement galvaudé aujourd’hui, peu de gens en connaissent la signification à part l’expression “Ni dieu, ni maître” et en font un synonyme de “grand bazar”. Souvent les anarchistes passent pour de doux rêveurs. J’avais envie de montrer qu’une autre façon de penser existait et que des sociétés libertaires avaient eu plus d’importance que ce que l’histoire en faisait… Cela valait bien une BD.

Dans le deuxième volume, tu mets en scène de manière approfondie le parcours de Makhno et des révolutionnaires ukrainiens. Envisages-tu un album sur Durruti et la révolution espagnole après la période décrite dans ces deux albums ?

viva2.jpgJ’ai déjà réalisé trois BD sur la guerre d’Espagne, Les fantômes d’Ermo (dans lequel j’évoque longuement Durruti), Dolorès et Guernica, pour l’instant j’ai d’autres projets. En ce moment je travaille avec une scénariste, Flore Talamon, sur des entrevues avec des lanceurs d’alertes, un album qui sortira certainement en Octobre 2021. La couleur, comme dans mes dernières BD sera assurée par Corentin Loth.

La rencontre Makhno – Durruti a-t-elle un fondement historique ?

Pour ce qui est de la rencontre entre Durruti et Makhno elle a vraiment eu lieu comme je le raconte, mais le contenu de cette rencontre reste très vague. On sait que Makhno a dit à Durruti que si un jour une révolution communiste libertaire devait avoir lieu ce serait en Espagne, car le peuple espagnol est un des peuples le plus instruit et élevé politiquement. C’est à cette époque que naît la FAI (1927) [Fédération Anarchiste Ibérique] et la CNT [Confédération nationale du travail], qui a 20 ans, est puissante et organisée, malgré les interdictions de la dictature espagnole. Dans ses écrits Makhno parle explicitement de cette rencontre, Ascaso également dans un article, Abel Paz le biographe de Durruti l’évoque aussi, Lecoin en parle dans ses mémoires…

D’où vient ton intérêt pour l’anarchisme et la révolution espagnole avec tes albums Dolorès, Les Fantômes de Ermo, Guernica et bien sûr Viva l’anarchie ! ?

Je me suis toujours senti proche de ceux qui combattent l’injustice, des rebelles contre l’ordre établi. Mais c’est vers l’age de 25 ans que j’ai commencé à lire vraiment sur ce sujet, le père de ma compagne ayant participé à la guerre d’Espagne (Berger Aragonais engagé dans une colonne anarchiste, il sera fait prisonnier à Teruel). C’est par lui que je découvre et me passionne pour cette période de l’histoire… et puis de livres en livres pour l’anarchie.

Peux-tu nous dire comment s’entrecroisent ton histoire familiale approchée avec Mémoires d’un ouvrier et ton propre parcours personnel et professionnel ?

Mémoire d’un ouvrier est tout simplement le parcours de mon père, son apprentissage et ses débuts d’ouvrier sur les chantiers navals à Bordeaux de 1935 à 1945. Personnellement, j’ai eu un tout autre chemin de vie, bien que ma voie était tracée à l’usine après mon CAP, je ne suis resté que trois mois employé. Par facilité et goût, je me suis tourné vers le dessin. D’abord illustrateur… puis dessinateur de BD.

Propos recueillis par François Spinner

Bruno Loth (scénario et dessin), Corentin Loth (couleur), Viva l’anarchie ! La rencontre de Makhno et Durruti, La Boîte à Bulles (coll. Hors champ), 2020, 80 p. (t.1), 18,00 € ; 2021, 112 p. (t.2), 20 €.

Les 8 premières planches du tome 1 : https://www.la-boite-a-bulles.com/album/567
Les 8 premières planches du tome 2 : https://www.la-boite-a-bulles.com/album/622
Bande annonce (vidéo) : https://www.facebook.com/libredimages/videos/659882981366513
Site de de Bruno Loth et Corentin Loth : https://www.libredimages.fr/ et https://www.facebook.com/libredimages

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