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Mon Cher ami, Luc Blanvillain (roman jeunesse)

Patrick est nouveau dans l’école. Mal coiffé et mal habillé, il est bizarre : il est pauvre, raconte Thomas dans son journal intime. Grâce à l’ouverture d’esprit d’Opaline dont il est amoureux, et à l’âme charitable et condescendante de ses parents, il se lie finalement d’amitié avec son nouveau camarade et apprend à le connaitre.

Mais la pauvreté de Patrick, traitée de manière assez caricaturale et peu crédible, n’est finalement pas si centrale. Le peu d’épaisseur de cette problématique est probablement beaucoup lié au choix narratif : le narrateur est Thomas, ce petit garçon de classe moyenne supérieur, qui découvre progressivement le plaisir d’écrire dans son journal intime. «  C’est très agréable. Quand je fixe mes pensées sur le papier, elles ont l’air plus consistante » explique-t-il aux premières pages. Ce journal, que Thomas commence par hasard, est peut-être le principal intérêt du roman. Au fil des pages, le narrateur commente son rapport à l’écriture, étonné lui-même de cette nouvelle passion. « J’utilise le présent de narration, un truc que maman m’a expliqué et qui permet de rendre l’histoire plus vivante. On a l’impression que l’histoire se déroule sous nos yeux. Je relis, et en effet, ça marche » raconte-t-il.

La pauvreté de Patrick, en introduisant de l’altérité voire de l’exotisme, sert d’élément déclencheur à l’intrigue. Mais le roman de Luc Blanvillain s’intéresse avant tout aux relations sociales : l’amitié, l’amour, le pouvoir et surtout l’argent et le don. « On ne devrait pas te donner de l’argent pour nous aider dans les tâches ménagères » déclare le père de Thomas. Mais si le père, banquier de profession, rechigne à monnayer les tâches ménagères, c’est moins qu’il suppose le cadre familial extérieur aux échanges financiers que par avarice, précise le Thomas, tout aussi cupide que son père. En effet, le jeune narrateur est obsédé par l’argent. « Je touche cinquante centimes quand je mets le couvert. Soixante-quinze s’il y a des invités, un euro s’il y a beaucoup d’invités. Je gagne un euro par mois d’argent de poche » détaille-t-il. Entre la pauvreté de Patrick, ses négociations à propos de l’argent de poche et sa recherche d’argent pour un cadeau à Opaline, Thomas ne pense qu’aux sous. Son journal intime n’était-il d’ailleurs pas à l’origine un livre de comptes ?

Mais, comme un habitant des îles Trobriand à l’anthropologue Malinovski, Patrick que la pauvreté semble placer en dehors de l’économie de marché, lui enseigne un nouveau type d’échange : le potlatch. Fondé sur le don et le contre-don, le potlatch ouvre Thomas à de nouvelles manières de penser le monde, mais aussi de pratiquer l’amitié.

Luc Blanvillain, Mon Cher ami, L’Ecole des loisirs (coll. Neuf), 2019, 235 p., 12,5 €.
Les premières pages : https://moveandread.com/reader/650/009a4fcc6691e90a29825fa9f4de753e/en?

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