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Une femme lauréate du prix Nobel

Le prix Nobel de Littérature 2015 récompense une femme, Svetlana Alexievitch, ex citoyenne soviétique, devenue biélorusse. Enseignante, fille d’enseignants, puis journaliste, elle a commencé à écrire en URSS et n’en est jamais sortie jusqu’à la désintégration du pays en 1991.

Son œuvre ne s’est pas modifiée, pour autant, car elle est un exposé d’un aspect de la réalité quotidienne à partir de témoignage et des réflexions qu’ils suscitent en elle. Son premier livre de 1976, littéralement « J’ai quitté le village », sur l’émigration des paysans dans les villes fut refusé par la censure. « Journalisme inutile » était un des motifs de l’interdiction.

Et cette auteure gênante, pour les partisans d’une pensée unique et donc stérile, n’a pas cessé de prendre comme sujets des fardeaux de la société soviétique, puis post-soviétique. Les femmes soldats durant la II Guerre mondiale, l’armée rouge en Afghanistan, Tchernobyl, les suicides à la suite de la décomposition de l’URSS et son dernier livre, 2013, « La fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement ».

Svetlana Alexievitch écrit pour ses contemporains : ceux qui ont été formés, comme elle, en Union soviétique [une grande partie de sa famille paternelle et maternelle a été décimée en combattant le nazisme) et ceux qui en connaissent les prolongements ou les souvenirs

Dans La fin de l’homme rouge, Svetlana dépeint des pages poignantes, des récits incroyables recueillis auprès des personnes les ayant vécus durant les multiples ouragans qui ont bouleversé l’URSS puis la Russie. Les descendants de parents arrêtés ou fusillés pendant les purges de 1936-1941 ; les survivants de la seconde mondiale ; les ex emprisonnés envoyés ou nés dans le goulag ; la période d’espoir de Gorbatchev et le coup d’état d’août 1991 ; le surgissement de grandes fortunes et la guerre entre gangs à Moscou, etc.

Svetlana Alexievitch, en se penchant sur des situations souvent insoutenables, nous montre indirectement comment on réussit à survivre. (FM)

Lire aussi l’article de Frank Mintz sur le site de la Fondation Besnard :
La fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement

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