Menu Fermer

Il était une fois les révolutions, Mathilde Larrère

Renouant avec l’esprit des almanachs du xixe siècle, Mathilde Larrère nous livre avec Il était une fois les révolutions (éditions du détour) une stimulante plongée dans les insurrections qui ont balisé l’histoire de l’humanité. Reprenant l’esprit de ses tweets historiques qui ont fait sa renommée sur les réseaux sociaux, l’ouvrage déroule une série de courts chapitres consacrés à de dates anniversaires du mouvement social entrecoupés de portraits, de slogans et de tags.

« Révolution », le mot semble si anachronique et pourtant – du Liban au Chili, en passant par Hong-Kong et l’Algérie – il est toujours si délicieusement actuel… n’en déplaise aux chiens de garde du système – qui nous ont vendu « un présent sans alternative où la révolution serait devenue obsolète », aux marchands de soupe – toujours à l’affût d’une récupération mercantile, ou aux communicants qui rêvent qu’on « musifie les révolutions, qu’on les renvoie dans un passé bien passé, bien séparé du présent. » (ce à quoi les manifestant.es de 2018 répondaient « Ils commémorent, on recommence ! » Sans parler des réactionnaires d’ici et d’ailleurs, qui déploient l’étendard sanglant de leur révolution conservatrice – de Reagan à Macron…

L’ouvrage choisit de bousculer la temporalité au profit d’une construction sous forme d’éphéméride afin de « montrer que les révolutions, dans le temps comme dans l’espace, se donnent la main. […] La forme de l’almanach atomise aussi la chronologie, favorisant la lecture d’une histoire sur le temps long des obscurs, des anonymes qui sont devenus les protagonistes de révolutions, en un répertoire infini d’expériences, d’expérimentations et d’idées qui arment le présent.  »

L’ouvrage multiplie les clins d’œil – fiche bricolage sur la barricade, recette du sandwich merguez, conseil de jardinage pour cultiver l’églantine du 1er mai… – sans jamais perdre de son objectif : nous faire partager – et aimer – les révolutions. On déambule donc dans le temps, du 12 juillet 1789 au 25 avril 1974, traversant les continents (de l’Amérique à l’Asie en passant par l’Europe). Au détour des pages, on rafraîchit sa mémoire militante mais on apprend aussi beaucoup : « le drapeau rouge, était quant à lui à l’origine brandi en application de la loi martiale (octobre 1789), en sommation avant l’intervention des forces de l’ordre. Mais il a été détourné et récupéré par les sans-culottes. Le 10 août 1792, les émeutiers brandissaient un drapeau rouge sur lequel était inscrit “Loi martial du peuple souverain contre la rébellion du pouvoir exécutif”. […] Il réapparaît aux côtés de drapeaux noirs lors de la révolte des canuts lyonnais de 1831. »

On peut se précipiter sur le livre de Mathilde Larrère et les très chouettes illustrations d’Agata Frydrych pour patienter jusqu’à la prochaine révolution,… dont personne ne connaît la date exacte mais l’historien et l’historienne peuvent déjà dire « qu’à la fois personne ne s’y attendra, et tout le monde dira qu’il l’avait vu venir. Et ce sera vrai dans les deux cas. Ce qui est certain est que plus on la pensera, on réfléchira et on en transmettra l’histoire, plus elle a des chances d’arriver. »

Mathilde Larrère, Il était une fois les révolutions, éd. du détour, 2019, 223 p., 18,90 €.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *