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École, Laurence De Cock

Un double tour de force que ce petit livre d’étroit et élégant format : il aborde tous les sujets scolaires d’une façon synthétique, et défend de façon convaincante le projet d’une école commune, démocratique et émancipatrice.

Une histoire de la conjugaison de l’égalité et de l’école en dix pages, où les contradictions d’un Jules Ferry sont bien exposées, sans caricature ; une reprise rapide de ces mots qui font mal : égalité des chances, méritocratie, notation ; une réflexion posée sur la laïcité, pour que ce soit une ouverture à l’esprit critique, non un dogme qui en affronterait d’autres ; la question des pédagogies, avec des inflexions qu’on pourra parfois discuter mais où il est affirmé « la principale ligne de démarcation entre toutes les pédagogies réside dans les finalités qu’on lui assigne ».

Et pour Laurence De Cock, la finalité ne peut être que l’émancipation collective. Affirmation importante à l’heure où l’épanouissement individuel s’affirme tranquillement, sans les précautions longtemps d’usage. On ne peut que la rejoindre ici. On appréciera la façon nuancée dont sont analysées les réactions de parents qui cherchent un refuge pour leur enfant ou la reconnaissance de la sincérité d’enseignants d’écoles alternatives ; analyse et non condamnation, on retrouve ce ton quand l’auteure évoque « la pâle tentative de démocratisation de la réforme du collège en 2015 » : on est loin des hurlements corporatistes qui, tous syndicats unis, avaient vu un monstre en lieu et place d’un trop timide essai, certainement pas refondateur.

C’est que l’auteure prolixe mais jamais bavarde, garde le franc parler dont elle a fait preuve dans d’autres ouvrages (le récent L’histoire comme émancipation, en collaboration, chroniqué ici, par exemple). L’enseignante qu’elle est n’hésite pas à écrire que ses collègues doivent « accepter d’être bousculés […] en devenant conscients que nous en sommes [de l’émancipation] parfois les freins, non des moindres. »

On le voit, ce n’est pas une lecture convenue, pour personne. Une bonne lecture de rentrée, en tout cas, pour enseignant un peu débordé ces jours-ci.

Laurence De Cock, École, Anamosa (coll. Le mot est faible), 2019, 92 p., 9 €.

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École, Laurence De Cock

Un double tour de force que ce petit livre d’étroit et élégant format : il aborde tous les sujets scolaires d’une façon synthétique, et défend de façon convaincante le projet d’une école commune, démocratique et émancipatrice.

Une histoire de la conjugaison de l’égalité et de l’école en dix pages, où les contradictions d’un Jules Ferry sont bien exposées, sans caricature ; une reprise rapide de ces mots qui font mal : égalité des chances, méritocratie, notation ; une réflexion posée sur la laïcité, pour que ce soit une ouverture à l’esprit critique, non un dogme qui en affronterait d’autres ; la question des pédagogies, avec des inflexions qu’on pourra parfois discuter mais où il est affirmé « la principale ligne de démarcation entre toutes les pédagogies réside dans les finalités qu’on lui assigne ».

Et pour Laurence De Cock, la finalité ne peut être que l’émancipation collective. Affirmation importante à l’heure où l’épanouissement individuel s’affirme tranquillement, sans les précautions longtemps d’usage. On ne peut que la rejoindre ici. On appréciera la façon nuancée dont sont analysées les réactions de parents qui cherchent un refuge pour leur enfant ou la reconnaissance de la sincérité d’enseignants d’écoles alternatives ; analyse et non condamnation, on retrouve ce ton quand l’auteure évoque « la pâle tentative de démocratisation de la réforme du collège en 2015 » : on est loin des hurlements corporatistes qui, tous syndicats unis, avaient vu un monstre en lieu et place d’un trop timide essai, certainement pas refondateur.

C’est que l’auteure prolixe mais jamais bavarde, garde le franc parler dont elle a fait preuve dans d’autres ouvrages (le récent L’histoire comme émancipation, en collaboration, chroniqué ici, par exemple). L’enseignante qu’elle est n’hésite pas à écrire que ses collègues doivent « accepter d’être bousculés […] en devenant conscients que nous en sommes [de l’émancipation] parfois les freins, non des moindres. »

On le voit, ce n’est pas une lecture convenue, pour personne. Une bonne lecture de rentrée, en tout cas, pour enseignant un peu débordé ces jours-ci.

Jean-Pierre Fournier

Laurence De Cock, École, Anamosa (coll. Le mot est faible), 2019, 92 p., 9 €.

2 Comments

  1. THIBAULT

    École, Laurence De Cock
    Ce livre est essentiel pour comprendre les déshérences et le malaise de notre système scolaire actuel. Sa lecture est plus que recommandable, elle est salvatrice !
    En tant que grand-mère ma curiosité a été éclairante. Bravo Laurence De Cook

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