En images (diaporama) / Rencontre avec Boutanox, l’illustrateur de ce numéro...
Il vous a accompagné dans la lecture de ce numéro. Lui, c’est Boutanox, dessinateur qui ne se contente pas de réaliser les affiches du Centre Paris lecture, mais qui tient également avec acharnement un blog (Les Réflexions inutiles de Boutanox). Contacté au milieu d’une actualité chargée (le tome II du Manchot, qui était resté bloqué avec l’ours polaire sur un iceberg à la dérive, est en préparation pour Comics Trip éditions, et la préparation d’une nouvelle aventure pour lui, le tome III de Sherlock Holmes, journal d’un héros chez Makaka éditions), il a gentillement accepté de répondre à nos questions.
Questions de classe(s) – Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre parcours, disons des bancs de l’école aux étals des librairies ?
Boutanox – Pas grand-chose à dire sur les bancs de l’école, j’ai eu un parcours assez classique… Après un bac L et une licence d’histoire, je me suis dirigé vers l’animation : colos, centres de loisirs, bibliothèques scolaires (BCD), tout en continuant à dessiner, tout le temps. Je me suis mis plus sérieusement à la BD en 2008, en ouvrant mon blog, ce qui m’a permis de m’infiltrer dans des collectifs d’auteurs et des fanzines (30 jours de BD, Rien À Voir, Culture Zine, Kazoum…) ; travailler avec d’autres dessineux comme moi, ça motive. Au bout d’un moment, j’ai fini par publier deux recueils de strips chez un éditeur indépendant (Comics Trip) : Vlad et Le Manchot, dont je suis en train de réaliser le tome II, ainsi qu’une BD sur Sherlock Holmes aux éditions Makaka, qui doit sortir pour Noël.
Vous travaillez avec le Centre Paris-lecture, comment s’est faite cette rencontre et comment vous retrouvez-vous dans cette démarche ?
Boutanox – Travaillant en BCD, je connaissais déjà le CPL, j’appréciais leur démarche pédagogique, et je trouvais enrichissant de faire des interventions aux quatre coins de Paris… J’y suis rentré en 2010. Au bout de 5 ans, j’apprécie toujours autant : c’est un boulot qui se renouvelle sans cesse, entre actions lecture, formation d’adultes et dessin, et une approche vraiment différente du rapport avec les enfants, basée sur l’échange plutôt que sur la transmission à sens unique. On ne sait jamais où vont nous conduire leurs conclusions, du coup, c’est à nous de nous adapter, à nous de les relancer, et au final on en apprend pas mal aussi…
En visitant votre site, on découvre que le dessin, bien entendu, mais aussi la lecture, tout ce qui touche à la réflexion sur la création artistique occupent une grande place, comment expliquer cette réflexion sur les processus de création ?
Boutanox – Je pense que c’est inévitable, pour un illustrateur… La lecture – entre autres – est, selon moi, indispensable à l’inspiration. C’est notre vécu qui nous donne de la matière pour nos idées. On me demande souvent « comment tu fais pour trouver des idées », honnêtement, je n’en sais rien ; le principe d’inspiration m’intrigue. Je ne prétends pas avoir des idées fulgurantes ou originales, mais le fait est que l’inspiration ne me fait pas trop défaut. Le vrai travail, ce n’est pas forcément « qu’est-ce que je vais dire ? » mais plutôt « comment je vais le dire pour que ça ait un intérêt ? ».
Un autre univers très présent, les pirates !
Boutanox – J’ai toujours beaucoup aimé les pirates, je pense qu’un des points de départ est le film Pirates, de Roman Polanski, un de mes films cultes. Comme tous les gamins, le decorum autour de cet univers m’attirait, et quand, plus grand, j’ai creusé un peu le sujet dans des bouquins, je n’ai pas été déçu. Sur beaucoup d’aspect, l’organisation sociale de la piraterie a été très visionnaire : partage équitable des revenus – à la place du salariat, de mise sur les navires marchands –, indemnités pour les blessés – la Sécu avant l’heure –, remise en question de l’autorité – le capitaine n’avait pas de réel traitement de faveur, et pouvait être révoqué par l’équipage… L’utopie de Libertalia, République avant l’heure, décrite par Daniel Defoe, même si elle n’a probablement jamais existé, s’inspire de communautés pirates bien réelles ; certains navires pirates ont été le premier lieu d’égalité entre Blancs et Noirs ; les barrières entre nations étaient abolies… Même s’il ne faut pas verser dans l’angélisme, les pirates restant des bandits, ce sont avant tout des révoltés qui ont tenté d’inventer, au niveau du microcosme, une autre façon de vivre en société. Bref, je pourrais en parler des heures. ■
Pour en savoir plus, vous pouvez feuilleter d’autres extraits du numéro ou bien le commander et vous abonner en ligne sur le site.
ALLER PLUS LOIN...
À lire : Le Manchot,Tome 1 (tome 2 en préparation)
À visiter : Le blog de Boutanox (Les Réflexions inutiles de Boutanox)
et son portfolio.