Apprendre à lire sans manuel
Le cours préparatoire est une classe qui effraie les jeunes collègues. La pression sur les épaules des enseignant-e-s y est énorme (comme sur celles des enfants d’ailleurs) : dans les programmes comme dans l’esprit des parents, le CP n’est-elle pas la classe où l’on « apprend à lire » ?
Dans ces conditions, il peut être rassurant de recourir aux manuels scolaires.
Un cadre régulier d’apprentissage, alternant plages de phonologie (c’est-à-dire d’étude des sons décontextualisés) et de lecture de textes ; des textes pourtant artificiels, monotones, narrativement inintéressants [1]. On a beau en être convaincu, on n’y renonce pas pour autant. Ces méthodes ont le mérite de déculpabiliser en cas d’échec des élèves : « Ce n’est pas ma faute, c’est celle de Ribambelle ! »
Le soin du sens, l’essence des sons
N’oublions pas, pourtant, ce que scande l’AFL [2] : « Prenez soin du sens, les sons prendront soin d’eux-mêmes ».
L’apprentissage de la lecture doit en effet se concentrer sur l’étude d’écrits, courts ou longs, sur leur signification explicite comme implicite. L’analyse phonologique, réduite à un répertoire de fiches, est inutile et inefficace. Mais, surtout, le texte doit avoir du sens pour les élèves, qui n’auront envie d’apprendre à lire et à écrire que s’ils en voient l’utilité. Plus besoin dès lors de demander aux élèves distrait-e-s, décroché-e-s, à quoi sert l’école (ce à quoi ils ne manqueront pas de répondre la litanie avec laquelle ils espèrent faire plaisir à l’adulte : « à travailler ! »). La réponse va de soi.
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