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Valeurs essentielles de la République : Egalitude

Valeurs essentielles de la République (II) : Egalitude – KroniKs des Robinsons et Graines d’Orties 583

Alors que les pouvoirs publics et les institutions n’ont de cesse de se demander comment « restaurer » les « Valeurs essentielles de la République », pour les valeurs engagés sur les terrains de toutes les fractures (sociales, éducatives, générationnelle, institutionnelle, politique, économique), ce qui nous interroge est plutôt ceci:

N’est ce pas au nom même d’un principe d’égalité théorique et abstrait, que les institutions accroissent aujourd’hui les inégalités réelles et matérielles , ou gênent la reconnaissance des inégalités et discriminations?

Et puisque nous évoquons les valeurs de lé République, dans ces KroniKs et ses suivantes nous allons nous proposer de revisiter celles qui sont inscrites dans notre devise: Liberté Égalité, Fraternité. Il nous a semblé que la réalité en était si éloignée qu’il convenait de les rebaptiser pour mieux rendre compte des écarts et dérives:

LIBERTUDE, EGALITUDE FRATERNITUDE.

pour chacune d’entre elles, nous nous proposons de la revisiter du côté de son application ou de sa dérive.

Voici la seconde: Egalitude:

Intéressons-nous à présent à la seconde des valeurs de la République, la plus ambitieuse sans doute, celle qui fut immédiatement limitée dès l’origine de sa formulation : l’Égalité. Il semble que l’énoncé de cette valeur n’ait jamais vraiment été adopté dans le sens absolu d’une égalité réelle et dans tous les domaines, des concitoyens entre eux.

La valeur promue par la République, pour ce concept, s’est immédiatement réduite à une acception secondaire et théorique d’égalité de traitement face à la Loi ou aux institutions publiques. On est évidemment loin du compte, vis à vis de l’idéal dont ce terme est porteur et qui est encore vivant dans d’autres concepts plus directement politiques comme celui du communisme. Mais même dans cette version édulcorée, force est de constater que cette égalité de traitement promue et théoriquement garantie par les institutions, est aujourd’hui en forte crise. Le constat d’échec par exemple de l’école publique véritablement inégalitaire est patent.

Non seulement l’École ne réduit pas les inégalités sociales, économiques et sociologiques, mais au nom d’un traitement inspiré directement de ce dogme d’égalité, il semble bien qu’elle accroisse encore les inégalités et les injustices d’une génération à l’autre et entre les classes sociales. Toutes les enquêtes sociologiques sont ici unanimes.

Pire, il semble que l’école française ait encore cette particularité que plus que toute autre, elle affirme cette notion d’égalité comme un dogme absolu et que, au même moment, plus que tant d’autres, elle aboutisse à l’effet à reproduire des inégalités sociales, en inégalités scolaires

Cela ne peut que nous laisser songeurs, d’autant qu’il est plus que probable que ce qui est vrai de l’institution scolaire, se vérifie également pour les autres institutions.

[rouge]Est ce que les institutions familiales, ou de sécurité sociale n’accroissent pas à leur tour, d’autres fossés entre les classes sociales ? Est ce que les pratiques de protection de l’enfance n’aboutissent pas à accroître bien souvent encore plus les inégalités ?[/rouge]

Ne parle-t-on pas, et de plus en plus, de médecine, ou de santé à deux vitesses (ou plus) ?

Et si nous recherchons d’éventuelles pratiques de projets d’éducation à l’égalité, alors nous allons nous heurter au même constat de pénurie. Seule exception : l’éducation à la mixité qui a fait l’objet de nombreuses et multiples initiatives, et d’incitations et directives. Mais sur ce sujet encore, il y aurait tant à dire, et en particulier sur l’accueil froid et peu enthousiaste, pour ces projets, auprès des publics de milieux populaires, qui ne sentent guère concernés, alors qu’ils sont particulièrement visés.

En effet, l’éducation à la mixité et à l’égalité entre les sexes semble avoir pris dans le débat public un sens fort limité : la lutte contre les préjugés éducatifs. et une cible particulière : les parents et les familles elles-mêmes, souvent en fonction de leur milieu et de leurs origines.

Il ne faut pas s’étonner en retour de l’hostilité ou en tout cas du peu de sympathie que de tels projets peuvent déclencher au sein des groupes sociaux, parmi les plus précarisés, qui se sentent directement mis en accusation, à cette occasion.

Nous nommons Egalitude cette fausse référence à l’Égalité qui nous sert aujourd’hui de référence et de morale; elle permet avant tout de débouter la juste plainte, ou la critique.

C’est une égalité qui enjoint de « Rentrez dans le rang! », de « Circuler y’a rien à voir! ». Une Égalité de « Ca n’intéresse personne », une Égalité dans le déni des droits.

[rouge]L’Égalité n’est certainement plus une valeur en France qui nourrirait les relations entre le citoyens et les institutions. Elle a été remplacée dans cette fonction, par sa pâle copie, « l’Egalitude » , une formidable machine à fabriquer de l’indifférence à tous les étages, au sort des autres.[/rouge]

L’Egalitude produit de manière industrielle, systématique, à grande échelle de l’indifférence au destin des autres. Elle nous désensibilise, nous rend inattentifs aux problèmes sociaux. Au nom d’une supposée équivalence inconsistante entre les êtres humains, elle nous retranche de l’humanité concrète et vécue et nous place dans une position mensongère d’extériorité.

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Graines d’orties 5 cent 83

Association Intermèdes-Robinsons

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