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Vacances scolaires : une proposition de Hubert MONTAGNER

Une nouvelle conception de la fin des vacances d’été pour les élèves de l’école primaire et les adolescents

(Les passages en gras ont été soulignés par Bernard Collot)

Si on organise l’année scolaire selon une alternance de six ou sept semaines de classe et deux semaines de vacances qui coïncident avec des semaines civiles (on évite ainsi les ruptures de rythme provoquées par le retour à l’école au cours de la semaine lorsque la durée des petites vacances est de 11, 12, 13 jours, et donc des “effets” comparables à ceux observés le lundi “à la sortie” du week-end), il est possible de concevoir la fin des vacances d’été selon des modalités qui évitent ou réduisent les polémiques sur la durée des vacances d’été.

L’année scolaire se terminant entre le 10 et le 13 juillet, selon le calendrier, la dernière semaine du mois d’août pourrait être décrétée “semaine des enfants et des adolescents”. Dans une ambiance encore “imprégnée” des vacances, elle permettrait une mobilisation détendue des énergies et ressources de tout ordre dans les communes, quartiers… en particulier au sein des mairies, associations, clubs, organisations… qui pourraient consacrer une partie de leur temps aux enfants et aux adolescents encore en vacances et dégagés de toute obligation scolaire.
Cette semaine de la fin du mois d’août serait un temps fort qui pourrait permettre aux enfants et aux adolescents de retrouver les pairs de la même classe, de rencontrer d’autres enfants ou adolescents de tous les âges, et de vivre ainsi un ensemble d’activités ludiques, récréatives, sportives, écologiques, culturelles, artistiques et intellectuelles sans autre “finalité” que les échanges sociaux et l’acquisition de nouveaux plaisirs, savoirs, connaissances, compétences… non encadrés par des programmes.

Chacun pourrait libérer dans ce contexte des possibilités, potentialités, savoir-être, savoir-vivre, savoir-faire… non lisibles ou non “fonctionnels” dans d’autres conditions. Les différents enfants pourraient ainsi avoir le sentiment de ne pas être abandonnés, oubliés, délaissés, isolés… alors que leurs parents ont repris le travail ou s’apprêtent à le faire, (re)prendre confiance en soi, développer l’estime de soi et libérer leurs émotions, leur langage et leur pensée, tout en révélant à leurs partenaires des possibilités, potentialités, compétences, talents… qu’on ne leur connaissait pas.

En outre, chacun pourrait former l’idée qu’il a la possibilité de sélectionner un “menu” d’activités pour les temps non familiaux et les temps non scolaires des différents jours de la semaine tout au long de l’année scolaire qui s’annonce.

Enfin, ce temps permettrait aux différents professionnels de l’enfance et de l’adolescence de faire connaissance et d’envisager des rencontres, échanges et coopérations au cours de l’année scolaire, entre eux et avec les équipes éducatives. Il donnerait aux professeurs des écoles en formation des opportunités pour découvrir les particularités libérées des enfants… qu’ils auront ensuite comme élèves.

La première semaine de septembre, cette fois au sein des écoles, en présence de l’équipe éducative (enseignants, RASED, ATSEM…) et des parents disponibles, pourrait permettre aux Mairies, associations, organisations, clubs… de préciser ce qu’ils peuvent apporter aux enfants du mois de septembre au mois de juillet avant le temps scolaire du matin, au cours de la pause méridienne, après le temps scolaire de l’après-midi, et au cours des jours ou demi-journées non scolaires (mercredi après-midi, samedi, jours fériés). Ce qui rassurerait les enfants, les famille et les enseignants sur la continuité des différents temps de la journée et de la semaine, sans rupture insécurisante, sans que les enfants aient le sentiment d’être abandonnés, oubliés, délaissés, isolés… et, ainsi, de leur permettre de s’installer peu ou prou dans la sécurité affective.

Ces deux semaines constitueraient pour tous les enfants et adolescents une charnière flexible de remise en confiance, de stabilisation émotionnelle et de reconstitution des repères avec les partenaires qu’ils n’ont pas vus tout au long de l’été (les copains et copines), et en même temps avec l’équipe pédagogique, avant le début de l’année scolaire (dernière semaine du mois d’août), puis au sein de l’école (première semaine du mois de septembre), hors contraintes pédagogiques et exigences scolaires. Chacun pourrait ainsi vivre une plage de temps particulière dans des relations non focalisées sur les apprentissages scolaires, au cours d’interactions et d’activités conçues pour déminer les peurs, les inquiétudes, l’anxiété ou les angoisses que certains enfants peuvent nourrir avant la rentrée scolaire sous la pression de leurs proches, de l’institution scolaire, des médias… mais aussi lever des inhibitions invalidantes, au moins partiellement.

Hubert Montagner
Professeur des Universités en retraite
ancien Directeur de Recherche à l’INSERM

6 Comments

  1. Bernard Collot

    Vacances scolaires : une proposition de Hubert MONTAGNER
    Cela semble du simple bon sens ! je pense aussi que c’est ainsi que l’on peut commencer à faire entrevoir que l’école pourrait être autre chose. Un petit pas sur la lune scolaire… peut-être un grand pas !

  2. Jean-Pierre Fournier

    Vacances scolaires : une proposition de Hubert MONTAGNER
    Pour la première fois depuis…quelque temps, on entend à nouveau parler de rythme, avec l’idée de cette entrée en douceur mais structurée dans l’année scolaire. Hubert Montagner, qui avait été très pertinent sous l’épisode Sarko, nous apporte un élément intéressant. Mais comment le faire connaître, voire discuter, voire reprendre ??

  3. isabelle

    Vacances scolaires : une proposition de Hubert MONTAGNER
    Proposition vraiment intéressante. La réforme proposée par Peillon a déclenché pour la première fois depuis longtemps un début de relation entre les animateurs et les enseignants dans les écoles.
    . Il est vraiment temps qu’une réflexion commune et des actions collectives s’élaborent pour les enfants. Il est vrai également que pour cela il faut accepter de donner du temps et ce temps devrait être prévu dans le services des uns et des autres!
    Isabelle

  4. itteruz

    Vacances scolaires : une proposition de Hubert MONTAGNER
    En lisant ce texte et les commentaires, une question me tourmente : quel enfant faut-il donc avoir été pour évoquer “le sentiment d’être abandonnés, oubliés, délaissés, isolés…” quand les éducateurs (enseignants, parents, éducation pop…) ne s’occupent pas de nous proposer des activités ??? J’ai passé le demi-siècle, je suis instit, je suis parent, mais là c’est l’enfant de 14 ans que j’ai été qui parle. Celui qui passait la fin juin à se prélasser tout seul à la maison devant la télé (ah le canapé et Roland-Garros tout seul !). Celui qui passait les 10 premiers jours de septembre, quand mes parents avaient repris le boulot mais que les cours n’avaient pas repris, à aller jouer au foot tous les jours avec les copains et les congénères de rencontre. Quel est le sens de cette vélléité d’omnipotence éducative ? Mais, camarades, comme les droits, comme la liberté, l’autonomie ne s’octroie pas, elle se prend ! C’est dans les interstices que se développe la créativité, c’est en échappant au contrôle qu’on s’émancipe ! Déjà depuis pas mal de temps, l’école comme toute la société est pourrie par les conceptions du panoptique de Bentham : caméras de surveillance, élimination des recoins, suppression des terrains vagues et des friches… L’espace doit être sous contrôle, il faut enlever sa capuche, dégager ses oreilles sur les photos d’identité. Se cacher c’est être suspect. Depuis quelque temps je sens que cette évolution totalitaire cible désormais, après l’espace, le temps. En voici un parfait exemple appliqué à l’éducation. Où chaque moment vécu par les individus en situation de minorité doit être pensé, organisé, contrôlé par des majeurs, professionnels de l’enfance. Où l’oisiveté est mère de toutes les promesses de vices. Où on ne peut pas faire confiance aux jeunes pour occuper leurs temps libre. Ils pourraient faire des conneries ? Oui, bien sûr, espérons-le ! Où avez-vous appris ce que vous êtes ? Dans les livres ? Dans les écoles et les centres de loisirs ? Quelle est cette idée de dame patronesse ? Car souvent l’argument qu’on m’oppose assez vite, concerne les mineurs des classes populaires, qui eux moins que les autres ne sauraient pas s’occuper. Livrés aux jeux vidéo, à la sous-culture, voire à la pré-délinquance. Le complexe de supéririorité des éducastreurs philanthropes est indécent. En viendront-ils à s’occuper de nos nuits après s’être occupés de nos jours ? Réduire de plus en plus les vacances des enfants depuis plusieurs décennies (moi je suis rentré au 20 septembre, de plus anciens ont connu la rentrée en octobre), ne revient-il pas à aligner le temps de l’enfant sur le temps travaillé des adultes, là où nous devrions lutter pour l’inverse ? S’agit-il de s’habituer à travailler non-stop ? Je ne veux surtout pas que ni l’état ni les municipalités ne s’occupent de tous ces temps anciennement vacants, on se construit autant si ce n’est plus dans les “moments” (cf. Henri Lefebvre puis l’I.S.) hors-contrôle. En tant qu’éducateur, mon rôle est de mettre à disposition des outils, mais l’utilisation de ces outils par les jeunes pour construire leur émancipation ne peut se faire que dans mon dos, hors de ma vue, hors de mon contrôle. Une école du peuple ne peut être qu’une école dont le peuple s’affranchit. Il revient à chacun-e de libérer ses propres espaces, de libérer son temps, pour être libre.

    • bernard_collot

      Vacances scolaires : une proposition de Hubert MONTAGNER
      J’aime assez cette réflexion de itteruz.
      L’activisme éducatif !
      Cependant la proposition de HM se situe dans la semaine de vacances que l’on veut raccourcir pour les enfants, et tant qu’à faire, il vaudrait mieux que cela soit ce qu’il propose plutôt qu’une semaine de scolaire supplémentaire ! Peut-être (PEUT-ETRE !) cela influera sur l’approche des semaines suivantes…

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