Menu Fermer

Tout change si vite…

J’aime bien l’odeur des vieux livres. Nostalgie du temps passé où l’école, c’était vraiment autre chose. Voilà ce qu’écrivait le suisse Henri Roorda, il y a nonante années :

Il arrive assez souvent aux écoliers de manifester une gaîté bruyante. Ils le font, par exemple, lorsqu’ils apprennent qu’un maître, empêché par la maladie, ne viendra pas donner la dernière leçon à laquelle ils s’attendaient. Les farces ou les incongruités qu’un de leurs camarades se permet en classe peuvent leur procurer aussi une ou deux minutes de bonheur. Ils sont encore de bonne humeur lorsqu’un maître cordial, interrompant sa vraie besogne, s’applique à les divertir. Enfin, les êtres jeunes expriment parfois de la joie pour cette simple raison qu’ils se portent bien et que rien ne les menace. Mais l’enthousiasme de l’enfant ne s’explique que rarement par le travail que l’école lui fait faire. Nombreux sont les élèves qui assistent avec résignation, avec ennui aux leçons qu’on leur donne.

Cela devrait nous étonner un peu. On a la prétention de favoriser le développement intellectuel des écoliers ; d’accroître leurs forces ; de les rendre plus habiles et plus clairvoyants ; on leur enseigne des méthodes qui leur permettront d’éviter, à l’avenir, des erreurs graves ; on leur révèle ce qu’il y a de plus beau dans la nature et dans l’œuvre des hommes,… et ce cadeau magnifique ne les rend pas joyeux. Est-ce que peut-être, on s’y prend mal ?

Si l’écolier n’est pas joyeux, c’est qu’il n’a pas le droit d’être lui-même. On lui reproche d’être un enfant. C’est le reproche, du moins, qui est impliqué dans tous ceux qu’on lui adresse.

Dans le livre que M.E. Claparède a écrit sur la Psychologie de l’Enfant, je relève ces propositions lumineuses :

« Ce qui fait d’un être un enfant, ce n’est pas le fait qu’il ignore, c’est le fait qu’il désire savoir, qu’il tend à devenir davantage »… « Le propre de l’enfant n’est donc pas d’être un insuffisant, mais d’être un candidat ».

Henri Roorda in Avant la grande réforme de l’an 2000 ; 1925

Photographie : Henri Roorda

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *