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Rubrique écologie de la revue N’Autre école – Questions de classe(s) n° 2

La revue N’Autre école – Questions de classe(s) c’est aussi une rubrique écologie en lien avec nos réflexions et nos pratiques pédagogiques et sociales.

Dans le numéro 2 (voir présentation) un texte “Écologie Mettons-les dehors !” que nous proposons ici en ligne dans son intégralité.

« Cesser d’accabler les mineurs avec des messages sur la planète, sur le développement durable. […] Courir, rire, chanter, hurler, sauter dans les flaques, aller camper, partir en colo. Mettons-les dehors ! Mettons les enfants dehors ! »
Pour Louis Espinassous 1, éducateur nature, pisteur d’ours et berger : « L’essentiel dans notre relation avec la nature n’est pas de créer un espace de protection mais de créer du lien. Du lien entre les humains et du lien avec la nature elle-même. »

Des classes promenades de Célestin Freinet aux jardins d’enfants en forêt nés au Danemark dans les années 1950, l’idée d’une éducation dans la nature n’est pas nouvelle. Freinet raconte : « À la rentrée de la classe de l’après-midi, nous partions dans les champs qui bordaient le village. […] Nous n’examinions plus scolairement autour de nous la fleur ou l’insecte, la pierre ou le ruisseau. Nous les sentions avec tout notre être, non pas seulement objectivement mais avec toute notre natu­relle sensibilité. 2 » Aujourd’hui, dans les pays scandinaves et germaniques, des centaines de crèches et d’écoles accueillent les ­enfants dehors, une ou plusieurs journées par semaine : l’immersion dans la nature n’est pas une « parenthèse, une anecdote dans la vie de la classe 3 ».
Et pourtant, de manière générale, les enfants sortent de moins en moins (peur de l’accident, législation excessive, place croissante des écrans…). C’est de ce constat qu’est née la dyna­mique « Sortir », animée par le réseau « École et nature », afin de promouvoir l’éducation dehors : la nature « est une source inépuisable d’émerveillement pour l’homme qui y trouve mille sujets pour son art, mille idées pour sa technologie, mille symboles pour mieux se représenter le monde, mille émotions pour mieux se connaître. Elle prend en compte l’individu dans sa globalité ». De plus, « ce n’est qu’en allant au contact de la nature, et cela dès le plus jeune âge, que l’on créera un lien fort qui, consciemment ou inconsciemment, sera garant d’une plus grande prise en compte de la nature dans nos choix, dans nos gestes, dans nos décisions, dans nos politiques4 ».
Pour qui veut faire l’école buissonnière, « Sortir » propose de nombreuses ressources en ligne. Par ailleurs, un excellent numéro de la revue Symbioses permet de « (re)découvrir des enseignants qui emmènent leur classe dehors chaque semaine, des animateurs qui rangent au placard l’éducation « hors sol » pour lui préférer la réalité naturelle 5 ». Apprendre dans la nature, c’est substituer à la logique ronronnante de « l’éducation à l’environnement et au développement durable 6 » une éducation intégrale, émancipatrice et véritablement écologiste. Alors prenons la clé des champs !

Alexandra Henry

1. Entretien avec Louis Espinassous, « Laissez-les grimper aux arbres ! », Les presses d’Île-de-France, mars 2015.

2. Cité par Edmond Lémery dans « À l’origine, la classe promenade », Le Nouvel Éducateur, n°183 : http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/6109

3. C. Dubois, « Une classe sans mur ni toit », Symbioses, n° 89 : http://www.symbioses.be/pdf/89/Sy-89-6-7.pdf

4. Manifeste « Sortir c’est vital » : http://biodiversite.reseauecoleetnature.org/sites/default/files/manifeste_sortir.pdf

5. Symbioses, n° 100, « Dehors ! La nature pour apprendre » : http://www.symbioses.be/consulter/100/

6. http://www.education.gouv.fr/cid205/l-education-au-developpement-durable.html Pour mettre en œuvre l’« EDD », le site Eduscol invite notamment à utiliser les kits de la Maud Fontenoy Fondation…

Débarquons Maud Fontenoy des écoles

La pétition « Débarquons Maud Fontenoy des écoles » a été lancée en mai 2015 1 : « Sous couvert d’écologie, des grandes entreprises […] financent l’association de Madame Maud Fontenoy » dont le discours « vise à cautionner l’idée selon laquelle l’idéo­logie productiviste et consumériste et la protection de la nature seraient compatibles. […] La “Maud Fontenoy Foundation” et ses sponsors […] n’ont rien à faire dans les établissements scolaires. »
Déléguée à l’environnement dans le parti « Les Républicains », Maud Fontenoy défend l’exploitation du gaz de schiste et en a « ras le bol des écolos », c’est entièrement son droit. Que le ministère de l’Éducation nationale soutienne les kits prétendument « pédagogiques » de son association, c’est un scandale. Face aux menaces qui pèsent sur les ressources en eau, sur les océans et sur la biodiversité marine, voilà quelques pistes proposées, en primaire… comme au lycée (!) : « Pour protéger les poissons, il suffit de bien choisir ceux que l’on mange » ; à la plage « pour éviter de polluer, le plus simple est de rapporter tes déchets à la maison » ; pour lutter contre le réchauffement climatique, « tu peux proposer à tes parents de cuisiner avec un couvercle »… À l’heure où il est urgent de débattre sérieusement des alternatives au modèle économique destructeur dans lequel nous vivons, cette propagande en faveur du statu quo est inacceptable. ■

1. Pétition lancée par La Décroissance, les Casseurs de pub et l’IEESDS : http://debarquonsmaudfontenoy.fr/

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