Menu Fermer

Rroms expulsés du parking de la fac de Lille

Le 28 octobre 2013, à 6h du matin, dans le vent et la pluie, 220 Rroms Roumains ont été expulsés du parking 4 de la faculté de Lille I sur décision du Préfet du Nord.

Sur place des militants de Sud/Etudiant, de la CGT, des bénévoles d’association, et des représentants de EELV ont assisté impuissants à cette expulsion.

Les Rroms possédant des voitures pour tracter leur caravanes sont partis, les autres ont été sommés d’évacuer le parking, leurs caravanes étant transportées dans les fourrières de Marquettes et de Lys-les-Lannoy.

Une centaine de personnes se sont retrouvées à la rue. Parmi elles, 50 enfants, 5 femmes enceintes, 5 malades graves et 3 personnes âgées. Une maman a été transportée à l’hôpital où elle a accouché.
Après avoir erré dans les rues de Lille, les Rroms se sont retrouvées, la nuit tombéee, à la nouvelle Bourse du Travail (Maison des syndicats) de Lille-Fives. Le responsable de Solidaires a ouvert les portes de ses locaux pour leur permettre de passer la nuit au chaud. Une inter-syndicale a été crée.

Les étudiants de Sud-Solidaires et de la CGT ont organisé l’accueil. Très vite, des associations humanitaires ont amené vivres, couvertures, matelas et tentes pour parer à cette situation de crise humanitaire. Au sein de la Bourse du travail, l’accueil s’est mis en place, malgré l’inadaptation des locaux à l’hébergement de 100 personnes.

Depuis 11 jours, malgré les demandes d’abord de l’Intersyndicale, puis du Collectif de soutien aux expulsés (ATD quart monde, CCFD, Amnesty Internationale, Ligue des droits de l’Homme, collectif de soutien aux Roms de la métropole Lilloise, Ateliers solidaires) aucune solution d’hébergement n’a été trouvée, contrairement à la circulaire d’évacuation des camps illicites et de l’article 353-2-2 du code de la famille. Mairie et Préfecture se renvoyant dos à dos les responsabilités, les Rroms sont l’enjeu d’une partie de ping-pong indigne et inhumaine.

Les Roms et les syndicats ont tenté de réquisitionner l’ancienne Bourse du Travail, dont les locaux sont vides. Ils se sont fait expulser par les forces de police et les CRS.

Les Rroms se sont organisés en collectif, ils ont rédigé un communiqué :

Chers concitoyens européens

Pour la première fois en France, nous, Rroms, voulons montrer à tous les citoyens européens que nous sommes capables de faire des choses qui n’ont jamais été accomplies jusqu’à maintenant, et ce parce que nos situations ne sont pas prises en considération, car nous les Rroms sommes considérés comme des chiens vagabonds et sans maîtres. C’est normal, puisque les problèmes auxquels nous devons faire face n’ont jamais été résolus, c’est pourquoi nous sommes discriminés comme étant des VOLEURS.

Premièrement, nous voudrions parler des problèmes familiaux : nous sommes un groupe de 120 personne expulsées lundi 28 octobre 2013 à 06h00 par la police nationale française en collaboration avec les CRS. Les caravanes (pour nous, nos maisons), ont été prises par la préfecture et déposées à la fourrière, avec pour motif que nous n’avons pas notre place ici. Nous sommes restés devant la station de métro ligne 1 à 4 Cantons jusqu’à 17h jusqu’à ce que les militants, bénévoles et associations présents sur place et discutant avec nous nous ont proposé un lieu provisoire pour dormir. Nous avons été d’accord étant donné la situation de crise et étant donné que nous n’avions aucune solution. Arrivés à 18h à Fives à la Bourse du Travail, les syndicats nous ont reçus avec chaleur et bienveillance, pour une nuit, ne sachant pas à ce moment-là qu’ils nous accueilleraient aussi longtemps.

Nos problèmes de santé sont les suivants :

– Une personne atteinte du cancer (en phase métastasique), la fille de cette dernière, née ici et malade vient d’être opérée à cœur ouvert.

– Une personne avec une insuffisance rénale ayant été opérée et n’ayant plus qu’un rein, et qui doit à ce jour faire des dialyses 3 fois par semaine.

– Un jeune garçon de 14 ans qui lui aussi n’a plus qu’un rein.

– Une personne avec des crises d’épilepsie.

– Une personne atteinte d’arthrite chronique en phase terminale.

– Une personne avec des problèmes psychiatriques.

Nos problèmes d’éducation sont les suivants :

– De nombreux enfants sont dans l’impossibilité d’être scolarisés

– Les dossiers de scolarité sont bloqués par la mairie de Villeneuve d’Ascq

Nos problèmes de Sécurité Sociale :

– Dossiers CAF non-résolus

– Les dossiers des personnes en incapacité non-résolus (la personne sous dialyses et celle avec des problèmes psychiatriques)

Étant donné que nous sommes arrivés à vos portes. Avec tous nos problèmes, nous demandons que tous nos droits soient pris en considération claire et visible… Nous vous remercions !

Merci à ceux qui ont été, qui sont et qui seront près de nous, spécialement ceux de la CFDT, CGT, FSU, Union Syndicale Solidaires, le collectif Solidarité Roms, et tous les militants et volontaires.

Aujourd’hui, il nous est très difficile de nous intégrer, étant donné les barrières. Toutes les étapes de l’intégration nous sont refusées partout.

Nous voulons  démontrer que nous sommes capables de travailler, d’éduquer nos enfants, d’être comme les autres, si vous enlevez les barrières qui sont devant nous depuis des années.

Pour tout cela, pour qu’on puisse vous prouver qu’on est capables, alors que depuis des années on est cachés, personne ne nous connaît, il faut que nos droits soient respectés.

De toutes façons, nous allons continuer les manifestations jusqu’à ce que ceux qui nous ont expulsés nous acceptent !!!

RROMS Sans Liberté, Égalité, Fraternité !

Coup de théâtre :

Lors de l’intersyndicale d’hier soir (le 07/11/2013), la CGT a demandé que les Rroms quittent les locaux de la bourse du travail pour être transférés sur un parking à proximité où ils pourraient récupérer leurs caravanes… l’évacuation devait avoir lieu au moment ou je poste cet article mais d’importantes forces de police cernent le parking où les Rroms doivent être évacués…La situation est bloquée, les syndicalistes sont en colère, ils mettent en cause les élus lillois et communautaires qui refusent de prendre leurs responsabilités :  » On oblige les Roms à rester dans la bourse du travail, dans des conditions sanitaires épouvantables.  »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *