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Pour la défense des droits des jeunes mineurs isolés : manifester ça ne suffira pas !

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Vous avez peut-être suivi l’affaire fin juin : https://www.questionsdeclasses.org/?Un-rassemblement-a-Melun-le-vendredi-15-juin-pour-le-droit-a-la-scolarisation&var_mode=calcul
J’ai relaté la mise en danger de jeunes mineurs étrangers isolés (ou MNA) sur le département de Seine et Marne par leurs responsables légaux mêmes. Avec des collègues nous avons pris conscience que certains de nos élèves d’UPA2 ne seraient pas épargnés par le contexte politique défavorable à l’accueil des migrants en France. Pour défendre leur projet d’intégration et leur projet scolaire nous avons fait grève et manifesté le 15 juin devant le Conseil général à l’appel d’un collectif de soutien.
La manif n’a rien changé à la politique du département. Le mot d’ordre de la majorité des élus reste “la gestion du cas par cas et le traitement dissocié de réfugiés politiques des réfugiés économiques”. Mais une semaine après le rassemblement, les collégiens ont obtenu la signature de leur dossier d’inscription au lycée, les jeunes élèves en formation ont eu leur contrat confirmé. Pour beaucoup d’entre eux cela signifie également une place en foyer et des repas réguliers…
Ce rassemblement de militants et d’élèves a relancé la machine administrative et protégé pour une année scolaire supplémentaire des Mineurs non accompagnés.
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Cela n’aura pas suffit à en protéger d’autres qui sans patron et sans contrat ne sont plus en formation et ont peut-être déjà perdu leur chambre en foyer de jeunes travailleurs et leur CMU. En cette nouvelle rentrée scolaire, il faudra se remobiliser non seulement pour s’assurer que nos élèves soient bien inscrits mais plus généralement pour faire respecter les droits des enfants à une scolarité, une formation et un hébergement décents, en dépit de l’indifférence ou l’hostilité idéologique.

Vous lirez ci dessous un petit compte rendu du rassemblement du 15 juin de l’année scolaire passée :

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Alertés par la situation de Rukayat et d’AlHussein, deux de nos collégiens sans papier, âgés de plus de 16 ans et empêchés par des manœuvres bureaucratiques de s’inscrire au lycée, nous avons découvert dans l’urgence, en fin d’année, au cours des conseils de classe, le sort réservé par le Conseil général de Seine et Marne aux jeunes mineurs isolés dont il devrait assurer la tutelle.

Nous primes contact avec un collectif en cours de constitution, organisé autour du Secours catholique, d’Amnesty internationale et de Resf 77. Après deux réunions et un partage d’informations qui corroboraient le caractère systématique du non renouvellement de la signature du président du conseil sur les contrats de formation de jeunes majeurs étrangers et, sur le blocage de dossiers d’inscription ou de l’absence de signature sur les dossier d’orientation de jeunes mineurs étrangers isolés, le collectif décida d’organiser le vendredi 15 juin, à la prochaine séance du Conseil général à Melun, un rassemblement de protestation accompagnée d’une demande d’audience avec son président.
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Pour participer à l’action, nous tombâmes d’accord à quelques un.e.s pour déposer un préavis de grève pour l’ensemble du personnel du collège.
Nous nous retrouvâmes vendredi matin une bonne douzaine d’enseignant.e.s grévistes devant le parvis du Conseil général, nous joignant à une centaine de manifestants composée pour plus de la moitié de jeunes étrangers isolés, majeurs ou mineurs. Nous y retrouvâmes sans surprises deux de nos élèves mais aussi, un peu plus tard, quelques élèves relâché.e.s de leurs cours qui venaient en curieux.ses, nous interroger sur la situation.
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Le rassemblement se fit plus bruyant grâce au mégaphone prêté par Sud éducation 77. Beaucoup de jeunes mineurs ou majeurs étrangers, isolés et en foyer voulurent témoigner de leur vie en France, de leur espérance et de leur crainte de voir leur projet d’intégration empêché par des décisions administratives et hors la loi…
L’ambiance resta bruyante malgré la pause casse-croûte. En tout cas suffisamment pour qu’après nous avoir demandé de baisser en volume, “pour ne pas déranger les travaux du conseil”, on daigne recevoir en début d’après midi, notre délégation.
Malheureusement il y avait peu de monde et peu de journaliste dans la rue pour nous entendre.
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Sauf Louis Witter, un reporter du Bondy blog qui a su témoigner de la colère, des craintes des manifestants et rapporter avec précision les propos des militants et des politiques. Consultez la page de l’article :
https://www.bondyblog.fr/reportages/cest-chaud/malgre-une-decision-de-justice-le-departement-de-seine-et-marne-abandonne-les-jeunes-isoles-etrangers/

Je vous invite à lire avec attention son récapitulatif de la journée, en ayant à l’esprit que la politique hypocrite d’exclusion des jeunes étrangers isolés menée par la majorité Les Républicains au Cg77, n’est pas un phénomène isolé sur le territoire national. Il rapporte les propos que le chef de la majorité au conseil a tenu à la délégation lors de sa réception : « Je ne veux pas renoncer à des dépenses liées aux retraités ou aux handicapés de Seine-et-Marne. Si, demain, je suis obligé de mettre des millions d’euros dans les MNA (mineurs non accompagnés, ndlr), je devrais renoncer à d’autres choses ». Propos confirmés par mail dans un style plus technique par Jean Louis Thiériot, alors sous mandat mais absent de la réception pour cause “d’agenda trop chargé”: « En 2018, l’enveloppe financière pour les mineurs va atteindre 34 millions d’euros. Bien sûr, l’humain prime sur l’aspect financier de ce dossier, mais ces dépenses risquent de peser sur d’autres budgets consacrés à la solidarité, aux personnes âgées ou handicapées ».
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Deux phrases explicites dont les incidences méritent toutefois d’être précisées:
Mettre en concurrence de façon exclusive deux ou trois ayant droits n’est pas légal. Cet arbitrage ne ressemble en rien à de la justice mais a tout du leste ou de l’exclusion ? La majorité du conseil général est pris en flagrant délit de non respect des droits des enfants.
La méthode est non seulement hypocrite mais également illégale, comme l’a rappelé le Tribunal administratif de Melun.
Les élus Les républicains du cg77 pratiquent dans les faits, au nom de la restriction budgétaire des aides sociales et en toute impunité, la politique de la “préférence nationale” chère au RN.
Ou tout au moins un clientélisme peu morale et peu civique…
EricZ

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